Peut-on parler de l'histoire collective comme on parle de l'histoire d'un individu ?
Publié le 19/12/2005
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On appelle « histoire « trois réalités : l’histoire c’est d’abord le passé d’un homme ou de l’humanité tout entière, c’est ensuite une science qui porte sur ce passé et c’est enfin le récit. Habituellement, l’historien néglige considérablement l’histoire individuelle, sauf lorsqu’il s’agit précisément des grands hommes ou des héros. En effet ceux-ci, dans leur histoire, dans ce qui leur est arrivé, ont réalisé des actions qui ont marqué toute une partie de l’humanité. Par exemple, la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb est une histoire à la fois individuelle et collective, voire universelle, qui a bouleversé la représentation que les hommes se faisaient du monde et d’eux-mêmes. De même, l’histoire d’un pays, l’histoire d’une dictature par exemple, a un lien direct avec la vie singulière des citoyens qui sont opprimés et soumis. Etudier la vie de ces hommes, c’est déjà étudier l’histoire de leur nation et de leur peuple. Pourtant, vous devrez examiner les différences entre histoire individuelle et histoire collective.
Tout d’abord, l’échelle n’est pas la même puisqu’on considère des décennies pour l’histoire individuelle, alors que l’histoire d’une collectivité s’apprécie sur des siècles entiers.
Enfin, on pourrait penser que l’histoire de l’individu obéit à des motifs personnels, voire égoïstes, alors que l’histoire d’une collectivité est la réalisation d’idéaux et d’aspirations pas seulement individuels.
Cela étant, vous devrez vous interroger sur le sens de cette séparation possible entre l’homme et la collectivité. La collectivité n’est-elle pas ce que chacun fait et pense dans sa vie, mais en tant que chacun se sent responsable de l’humanité elle-même ? Notre histoire serait alors la réalisation d’une histoire à plus grande échelle. Vous voyez donc que la difficulté est de savoir jusqu’où l’homme est responsable de la collectivité, voire de l’humanité tout entière.

«
Cependant, Hegel pense que cette forme d'histoire « ne peut embrasser qu'un court espace de temps » etseulement « des hommes et des événements figurés dans leur individualité ».
De plus, autre inconvénient, ellen'est représentative que d'un point de vue particulier et limité.
Elle reste prisonnière des préjugés culturels etinconscients propres à son auteur et ne peut se dégager pour prendre du recul par rapport aux événements.
Hegel a distingué trois formes de l'histoire : l'histoire originale, l'histoireréfléchie et l'histoire philosophique.
L'histoire originale, dont les fondateurssont Hérodote et Thucydide, est une description des actions, desévénements et des situations par ceux qui les ont vécus et qui y ont prispart.
Cette histoire est non réflexive du fait de la communauté de cultureentre l'historien et les événements qu'il raconte.
Habité par l'esprit même del'événement, il n'a pas besoin de le transcender pour le raconter.
C'est aucontraire en transcendant l'actualité de l'historien que l'histoire réfléchie vatraiter du passé reculé, comme étant actuel en esprit.
L'histoire réfléchieélabore les matériaux, et ce travail d'élaboration relève d'un esprit distinct del'esprit du contenu élaboré.
Cette histoire renonce à la représentationindividuelle du réel.
Elle produit de nombreuses abstractions en simplifiant ledonné pour ne retenir que l'essentiel.
L'histoire philosophique enfin s'appliqueà l'histoire réfléchie, s'efforce de montrer comment l'Idée est la vérité quimène les peuples et le monde.
Elle dégage l'Esprit comme volonté raisonnableet nécessaire qui a guidé et qui continue de guider les événements du monde.
2- Emancipation par rapport à ce schéma : une « histoire objective ».Quand l'histoire individuelle témoigne de l'histoire collective : Dans cette partie, on va montrer d'une part que le rapport à l'histoire de l'individu évolue, et d'autre part quel'histoire va devenir plus érudite, qu'elle va chercher à se constituer comme science.En effet, on ne s'intéresse pas à l'histoire de l'individu en tant que tel mais que cette histoire est au service del'histoire de la communauté, elle l'exprime, elle en est témoin.
On s'y rapporte comme à un exemple, uneillustration.
Elle appartient à l'histoire collective.Pour justifier la différence entre « histoire individuelle » et « histoire collective » et étoffer cette secondepartie, on peut encore faire référence à Hegel qui, dans les Leçons sur la philosophie de l'histoire, distingue « l'histoire originale » de « l'histoire objective » et qui montre l'évolution de l'une vers l'autre.L'histoire objective comme son nom l'indique va s'émanciper par rapport au schéma de l'histoire original.
Elle seveut plus complète et ne prend pas seulement en compte les faits militaires et politiques.
Elle s'intéresse à« l'histoire de l'art, de la religion, de la science, de la constitution, du droit, de la propriété, etc.
».
Par rapportaux historiens originaux, le récit de l'historien objectif s'appuie sur une étude scientifique des textes, il cherchedes preuves concrètes et les confrontent entre elles.De cette analyse entre l'évolution de l'histoire originale à l'histoire objective, il ressort qu'on ne peut pas serapporter de la même façon à l'histoire d'un individu, qui est partielle et ponctuelle, qu'à l'histoire collective, quise veut complète et qui s'inscrit dans la durée.
L'ambition de l'historien est justement de relater une histoireobjective, face aux récits individuels qui ne sont pas scientifiques.Une différence radicale existe dans la façon que l'on a de parler de l'histoire d'un individu particulier (lui-mêmepeut d'ailleurs prendre la parole et s'exprimer sur son histoire, c'est-à-dire son vécu) et celle que l'on ad'aborder l'histoire collective, l'histoire commune.L'histoire d'un individu est avant tout l'affaire de la mémoire individuelle.
C'est le récit d'un vécu particulier.
Ilest donc chargé de subjectivité et d'affectivité.
L'histoire d'un individu est un témoignage par rapport à uneépoque ou par rapport à des événements particuliers, mais c'est un récit partiel, qui manifeste d'un certainpoint de vue et qui ne cherche pas à analyser ou à objectiver son témoignage.Quant à l'histoire collective, elle est l'objet du travail des historien.
C'est une discipline qui se veut scientifiqueet qui souhaite mener une étude objective du passé.
Pour cela elle a besoin de preuves.
L'historien est chargéd'analyser de façon critique les témoignages divers, les différents récits historiques se rapportant à desindividus, afin de les recouper entre eux dans le but d'en faire émerger la vérité.Ainsi, si l'on peut parler de l'histoire d'un individu sur le mode romanesque, simplement en racontant ses faits etgestes ainsi que les étapes marquantes de sa vie, pour parler de l'histoire collective, il faut s'appuyer sur despièces concrètes, tels des documents, des écrits, etc.
qui jouent le rôle de preuves.
L'histoire collective estguidée par un souci d'objectivité permanent.De ce fait, on ne peut pas parler de ces deux types d'histoire de la même façon.
On n'entretient pas le mêmerapport à l'une et à l'autre.
La relation à l'histoire d'un individu est affective et la relation à l'histoire collectiveest rationnelle et scientifique. 3- l'histoire individuelle s'inscrit dans l'histoire collective : Si la somme des histoires individuelles et leurs relations constituent le corps vivant de l'histoire collective, il nefaut pas cependant que l'individuel soit englouti par la globalité du tout.Foucault dans L'archéologie du savoir établit une différence entre l'histoire globale et l'histoire générale : « une description globale resserre tous les phénomènes autour d'un centre unique –principe, signification, esprit,.
»
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