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Sciences & Techniques: Une histoire de la géologie

Publié le 22/02/2012

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histoire
Née à la croisée de plusieurs traditions, la géologie suscite rapidement l'engouement général. Au tournant du XIXe siècle, dans tous les milieux, on se passionne pour ses travaux, ses collections, ses discussions... Entre - disons - 1780 et 1820, la géologie passionne et suscite d'intenses controverses. Cette science, centrée sur la structure et l'histoire de la Terre, est alors nouvelle. Elle a surgi à la croisée de quatre traditions : la spéculation cosmologique, la collecte de minéraux, les connaissances minières et les récits de voyages. Un métissage qui la met au coeur de débats publics sur la religion, la moralité, et la vérité biblique. Dans tous les milieux, on s'intéresse à ses travaux, à ses collections, à ses discussions. Bref, la géologie est alors une science à la mode. En 1792, un auteur en plaisante : " De nos jours, les articles minéralogiques sont aussi communs que foin et paille une bonne année... "
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« Fondée en 1807, la Société géologique de Londres est l'une des premières organisations scientifiques à se donner ce but.

Lorsqu'ellepublie, en 1820, une carte stratigraphique de l'Angleterre et du pays de Galles, elle est devenue un centre de recherche collective depremier plan.

En Europe, d'autres sociétés géologiques ont à cœur d'établir de telles cartes, mais elles bénéficient couramment del'aide de l'État. La géologie, de nos jours, apparaît souvent comme une science qui traite du passé : elle a, comme on dit, " découvert le temps ".

Cefaisant, on laisse de côté son autre objectif, tout aussi important : l'étude de la distribution spatiale des matériaux de la croûteterrestre.

Le géologue prussien Léopold von Buch ne l'avait pas oublié : une carte, disait-il, " est toujours décisive pour ceux quiaspirent au rang de géologues...

Quiconque n'a pas dressé de carte manque du nécessaire talent de la combinaison ". C'est au XVIIIe siècle que les pratiques de la cartographie , de l'analyse et de la classification minéralogiques ont commencé à se développer.

Elles sont apparues dans les écoles des mines, enFrance, en Suède et dans les pays de langue allemande.

De toutes ces écoles, la plus importante, à cetteépoque, a été celle de Freiberg, où Abraham Gottlob Werner enseignait.

Ses conférences pousseront descentaines d'étudiants à parcourir le monde pour y chercher des strates.

Parmi eux, citons le géologueLéopold von Buch, le géographe Alexandre von Humboldt et le poète Novalis. D'un pays à l'autre, le financement de l'enseignement de la géologie de terrain offre un tableau très variable.

En Grande-Bretagne, lapremière École des mines ne verra le jour qu'en 1851.

La révolution industrielle avait pourtant grandement accru la dépendance dupays vis-à-vis du fer, du charbon et d'autres ressources minérales.

Mais il n'était pas dans la vocation des vénérables universitésd'Oxford et de Cambridge de former des professionnels rémunérés.

La science y restait plutôt conçue comme une pratique pour pieuxgentlemen. Le modèle de la France Les géologues pouvaient, avec raison, prétendre que leur science était potentiellement précieuse pour les propriétaires des mines et lanoblesse terrienne.

Mais un exemple suffit à illustrer les difficultés auxquelles ils se heurtaient.

Au début du siècle, William Smith afait partie d'un petit groupe d'ingénieurs experts qui a tenté de réussir dans la prospection minière.

Cinq ans avant que la Sociétégéologique de Londres ne publie sa carte stratigraphique de l'Angleterre et du pays de Galles, Smith a fait paraître la sienne.

Il l'aétablie pratiquement tout seul en profitant de ses déplacements en tant qu'ingénieur-conseil spécialisé dans les canaux.

Mais ce typede science professionnelle n'étant pas reconnu, Smith a fait faillite, et la plupart de ses grands projets sont restés sans suite. En France, la situation est très différente.

Là, comme dans les États allemands, les études minéralogiques et géologiques reçoiventun financement officiel.

L'École des mines, fondée en 1783, et qui, dans les années 1820, travaille à la réalisation d'une cartegéologique nationale, fait référence dans ce domaine.

Elle finit ainsi par servir de modèle aux réformateurs britanniques.

Lorsqu'il seretrouve privé des rentes de sa plantation où il employait des esclaves, Henry De la Beche, jusque-là gentleman géologue, plaide pourqu'une étude officielle des strates soit entreprise sous la responsabilité d'une classe d'experts professionnels.

Il va parvenir à ses fins.Vers 1845, le bureau de prospection géologique britannique, constitué au départ d'un seul membre, rassemble sous sa direction uneéquipe dynamique de géologues, de chimistes, de paléontologues, etc.

Leur principal objectif est d'établir une carte géologiquenationale.

Ces cartes, parce qu'elles visualisent l'empilement bien délimité des différentes strates, sont précieuses pour rallier lesoutien du public... Science de terrain, la géologie se pratique souvent dans de magnifiques décors naturels.

Par bien des aspects, elle se rattache ainsià la tradition du voyage romantique.

Lorsqu'en 1776 Sir William Hamilton a, dans le Campei Phlegraei, fait le récit de ses travaux surles volcans en activité, l'Italie du Sud devient vite une destination de choix pour les explorateurs scientifiques.

De même, lorsqu'onentreprend l'un de ces pèlerinages vers les somptueux panoramas alpins, vers la région des lacs dans le nord-ouest de l'Angleterre,vers la Haute Écosse ou les montagnes du pays de Galles, il est facile d'ajouter aux raisons du voyage un intérêt pour l' histoire naturelle des lieux.

Décrite pour la première fois par Joseph Banks, dans les années 1770, la grotte de Fingal, sur l'île de Staffa, dans l'archipel des Hébrides, est devenue célèbre.

Pourquoi? Parce qu'elle est associée à la légende ossianique, mais aussi parce qu'elleest le témoin d'épisodes très anciens de l'histoire de la Terre.

Après la fin des guerres napoléoniennes, on est de plus en plusnombreux à venir admirer la complexité rocheuse des Alpes, les sites fossilifères du Bassin parisien ou les volcans éteints du Massifcentral.

Des lieux qui, tout au long du XIXe siècle, resteront des sites privilégiés de pèlerinage scientifique. La bataille du granit et du basalte Qu'en attendent leurs visiteurs? Un éclairage sur les mystères de l'histoire de la Terre .

Au début du XIXe siècle, une controverse fait rage.

Pour James Hutton et ses disciples, le granit et le basalte se sont formés par l'action de la chaleur.

Dans le camp adverse,Werner et son école soutiennent que ces roches résultent d'une sédimentation qui s'est produite à l'époque où la surface du globeétait entièrement recouverte par un océan.

Une polémique de ce genre recèle en fait des questions essentielles sur la forme queprendra la géologie et sur la légitimité de ceux qui la pratiquent.

Pour les disciples de Hutton, cette science est une branche de laphilosophie naturelle, étroitement liée à la chimie .

Pour ceux de Werner, c'est une division de l'histoire naturelle, impliquant la constitution de collections exhaustives et la réalisation de cartes.

Dans les années 1820, la controverse finit par s'éteindre, mais laquestion de la nature de la géologie n'est pas tranchée. Dans ses Principles of Geology (1830-1833), Charles Lyell reprend et actualise la théorie huttonienne.

son but : asseoir la géologie sur des fondations nouvelles et plus solides.

Les causes actuelles, affirme-t-il, constituent le seul cadre légitime pour interpréter l'histoire. »

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