Devoir de Philosophie

Un homme de devoir est-il un homme libre ?

Publié le 21/11/2009

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On se représente généralement un homme de devoir comme étant un homme obéissant à sa conscience et aux préceptes de sa raison, les principes moraux étant alors les moteurs de son action. La notion de devoir est intimement liée à celle de contrainte. Il nous faut, pour agir par devoir, exercer une force coercitive sur nos penchants afin que ceux-ci ne nous conduisent pas à accomplir des actes contraires à notre raison. Un homme libre, quant à lui, est un homme qui ne subit aucune contrainte. En ce sens il semble bien y avoir opposition et non identité entre un homme de devoir et un homme libre, le premier étant esclave de ses principes. Cette confrontation devoir/liberté présuppose une certaine conception de la liberté selon laquelle un homme libre serait un homme agissant en conformité avec ses penchants naturels, désirs ou passions. Mais cette définition est-elle viable ? L’homme libre est-il réellement celui qui agit sans contraintes extérieures (lois) et intérieures (principes moraux) ? La raison, en tant que source du devoir, et la liberté sont-elles nécessairement antagonistes ?

« comme s'il fallait être incliné également du côté du oui et du non, et du côté des différents partis, lorsqu'il y en aplusieurs à prendre.

[…] Cet équilibre est aussi absolument contraire à l'expérience, et, quand on s'examinera, l'ontrouvera qu'il y a toujours eu quelque cause ou raison qui nous a incliné vers le parti qu'on a pris, quoique biensouvent on ne s'aperçoive pas de ce qui nous meut ; tout comme on ne s'aperçoit guère pourquoi, en sortant d'uneporte, on a mis le pied droit avant le gauche, ou le gauche avant le droit.

» ( Essais de théodicée , I §35) Cette deuxième partie aura permis de mettre en lumière une autre définition de la liberté qui souligne sa nécessaire détermination.

En ce sens une action obéissant à des principes peut être dite libre.

Troisième partie : La liberté pourrait-elle être proportionnelle à la contrainte morale ? Nous avons précédemment démontré que la liberté n'était pas proportionnelle à son indétermination.

Il s'agit à présent de s'interroger sur cette affirmation : l'homme est d'autant plus libre qu'il est déterminé à agir. La notion d'autonomie, le fait de se donner à soi-même sa propre loi, est voisine de celle du devoir. Contraindre ses actions par des principes issus de notre conscience et de notre raison n'entre pas en conflit avec laliberté, bien au contrainte c'est la condition de possibilité de sa réalisation.

« L'obéissance à la loi que l'on s'estprescrite est liberté.

» (Rousseau, Contrat social, I 8 ). Kant, dans la Doctrine de la vertu , (introduction II), affirme l'existence d'une relation de proportionnalité entre la liberté et la contrainte intérieure qu'est le devoir.

« L'homme est d'autant plus libre qu'il est moins soumis àla contrainte physique et qu'il l'est plus par contre à la contrainte morale (par la simple représentation du devoir).

–Celui qui, par exemple, doué d'une force de résolution assez ferme et d'une âme assez forte pour ne pas renoncer àun divertissement qu'il a projeté, si étendues que soient les fâcheuses conséquences dont on l'avertit, renonceinconditionnellement à son projet, mais non sans regret, dès qu'on lui représente qu'il négligerait ce faisant sesdevoirs, ou bien un père malade, fait au plus haut degré preuve de sa liberté par le fait même de ne pas pouvoirrésister à la voix du devoir.

» L'exemple analysé ci-dessus met en lumière la résistance née du conflit entre nospenchants et notre raison.

L'âme de l'homme se trouve tiraillé entre la tentation du divertissement et la voix dudevoir.

La liberté réside dans le choix raisonnable consistant à suivre sa conscience. Conclusion La question de l'identification entre un homme de devoir et un homme libre suppose l'analyse approfondie de la notion de liberté.

Nous avons successivement examiné ses différents sens, ce qui nous a permis de mettre enévidence qu'elle ne pouvait se réaliser pleinement que si elle était déterminée, la liberté d'indifférence n'étant queson plus bas degré.

La doctrine kantienne affirme la relation de proportionnalité entre la liberté et la contraintemorale qu'exercent sur nous nos devoirs.. »

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