Devoir de Philosophie

Vaut-il mieux se perdre dans la passion qu'avoir perdu toute passion?

Publié le 11/01/2005

Extrait du document

« On peut généralement nommer passions toutes les pensées qui sont [...] excitées en l'âme sans le secours de sa volonté. » Descartes, Lettre à Elisabeth, 6 oct. 1645. On retient une fois encore que la passion correspond à une forme de l'activité, qu'elle contraint donc à sortir de sa réserve et nécessite un engagement.   « J'appelle ici passions toutes les émotions que l'âme ressent naturellement à l'occasion des mouvements extraordinaires des esprits animaux. » Malebranche, De la recherche de la vérité, 1674-1675. Le sujet est donc dépassé par cette impulsion, mais elle le pousse quelquefois très loin dans la découverte, le savoir, les acquisitions.   Troisième partie : Se perdre ou se trouver   « Les passions sont toutes bonnes de leur nature et nous n'avons rien à éviter que leurs mauvais usages ou leurs excès. » Descartes, Les Passions de l'âme, 1649.

« « L’épée use le fourreau, dit-on quelque fois.

Voilà mon histoire.

Mes passions m’ont fait vivre, et mes passions m’onttué.

».

Cette citation de Rousseau met en exergue l’ ambivalence de la passion.

«l’épée use le fourreau» signifierait que lefait de s'adonner à nos passions comporterait le risque d'amenuiser nos forces, qu'elles soient physiques ou spirituelles, etpour Rousseau, bien qu’elles aient été un moteur de vie apparemment indispensables, elles lui ont en contre partie étéfatales.Ces deux aspects de la passion légitiment donc une réflexion autour de notre façon de les apprécier dans notre vie.« Vaut-il mieux se perdre dans la passion qu’avoir perdu toute passion? » Dans un premier temps, nous allons voir qu’eneffet, elles présentent suffisamment de risques pour qu’il vaille mieux tenter de s’en passer, la preuve étantqu’étymologiquement la passion vient du verbe patir, signifiant souffrir; comment pouvons-nous compter sur nos passionspour atteindre le bonheur si celles-ci provoquent inéluctablement de la souffrance?Dans un second temps, aussi douloureuse puissent elles être, il n’en reste pas moins que la passion peut-être source degrandes émotions autres que négatives, et peut quand on s’offre à elle, servir de raisons de vivre et nous pousser àl’action, vers un idéal qui nous correspond.Sans pour autant accepter de vivre pour nos passions jusqu’à l’extrême, nous pouvons considérer envisageable unepondération dans nos modes de fonctionnement, afin d’en retirer d’elles plus d’aspects positifs que négatifs. En partant de l’étymologie du terme ‘passion’ on retrouve donc un lien avec la souffrance, et le fait de souffrir oud‘endurer.

Cet aspect négatif au possible n’est donc pas assimilable au notre but ultime qu’est le bonheur, notamment parle fait que ce terme s’emploie pour un ensemble d’états dans lesquels nous sommes passifs, contrairement aux états dontnous sommes nous-mêmes la cause.

Si subir est une action passive elle ne peut que difficilement être un cheminementvers le bonheur.

Le film réalisé par Mel Gibson La passion du Christ illustre cette première définition de la passion.

Jésussubit les souffrances que ses bourreaux lui infligent jusqu’à sa mort, il les endure sans avoir agit dans leur réalisation.Même si cet emploi du mot passion n’est pas l’emploi moderne, il est peut-être raisonnable de se souvenir de son originepour comprendre les effets négatifs que peut avoir la passion, et pour justifier notre choix de préférer perdre toutepassion plutôt que de s‘y perdre.Au sans moderne, la passion est une vive inclination vers l’objet de nos désirs.

Le désir étant le témoignage d’un vide quelqu’il soit, nous amène à penser que tant que ce désir n’est pas satisfait, nous ressentiront une certaine frustration,sentiment désagréable qui prouve que nous ne sommes pas comblé, et donc pas totalement heureux.

Un individupassionné est donc une personne en manque de l’objet de son désir, qui luttera pour l’acquérir.

En considérant égalementla passion comme un désir assez intense pour durer dans le temps, un individu passionné subira sur une longue durée lesentiment de frustration que l’insatisfaction de son désir le plus fort provoquera.

Or, faire le choix de se fermer a la passionpourrait nous permettre d’éviter de ressentir ce type de sentiments pénibles.De plus, nous pouvons considérer la passion comme symbolisant notre image du bonheur, et l’image du bonheur fait doncintervenir notre imaginaire, ce monde où nous sommes rois, où nous pouvons oublier les influences extérieures que nousne pouvons en aucun cas maîtriser dans la réalité.

Notre image du bonheur, et de l’objet de notre passion est donc d’unepart irréalisable par le fait que la quête du bonheur est en général la quête de toute une vie, et d’autre part car dansl’hypothèse où la satisfaction totale de cette passion est réalisable, le décalage entre notre idéalisation faiteinconsciemment au préalable et la réalité serait probablement très décevante.

« L’illusion cesse où commence lajouissance » (Rousseau, Julie ou La Nouvelle Héloïse.) ; « le rêveur morbide qui s’imagine être roi ne s’accommoderait pasqu’une royauté effective; même pas d’une tyrannie où tous ses désirs seraient exaucés » (Sartre).

Ces deux citationsillustrent l’intervention de notre imaginaire, et le décalage inéluctable et décevant que les réalités nous imposent.Avec les deux aspects précédemment évoqués, nous pouvons constater que la passion est source d’une éternelleinsatisfaction, puisqu’elle puise ses racine dans une frustration et une non-acceptation de la réalité, ou du moins un noncontentement de celle-ci, et quand bien même nous agissons pour l’atteindre, nous n’avons d’une part aucune garantie d’yparvenir, et dans le cas contraire, satisfaire notre passion jusqu’à satiété nous ramène brusquement à une réalité moinsagréable que l’image que nous nous étions créée d‘elle.

En considérant possible l’exaucement de notre passion et enavançant vers lui, nous nous adonnons à une sorte d’esclavagisme que notre passion nous impose.

La passion estégalement, dans son emploi moderne, caractérisée par son exclusivité, et par son affectivité violente qui nuit au jugementet qui est assez puissante pour dominer la vie mentale.

Ces caractéristiques veulent donc dire qu’un individu passionnéexclura les activités qui ne sont pas liées à sa passion, il se fermera aux autres domaines que celui de sa passion et n’aurapas conscience des bienfaits que ces derniers auraient pu avoir sur lui.

Pire encore, il s’inclinera devant l’objet de sapassion et sera éblouit par elle jusqu’à en perdre toute capacité de raisonnement.

Adolf Hitler pourrait servir à illustrer cesdernières idées.

Passionné, il a tout mis en œuvre pour parvenir à son objectif, en dépit de millions de vie humaine.Comment considérer positif et bienfaisant le fait d’être passionné en pensant aux désastres que cela causer?A l’inverse,une personne qui aurait fait le choix de perdre toute passion sera en mesure d’apprécier les connaissances et leur bienfaitdans n’importe quel domaine d’activités, et cet individu non passionné pourra enrichir son intellect avec une plus grandeouverture et ne sombrera pas dans l’aveuglement d’une passion dévastatrice et tyrannique.« Le poker est un jeune passionnant permettant de perdre son argent, son temps, et ses amis » (Philippe Bouvard) ladomination de la vie mentale d’un passionné peut le conduire à faire des sacrifices qui vont a l’encontre des moyens autiliser pour atteindre notre but ultime qu‘est le bonheur.

Ici, le passionné de poker prendra plaisir à y jouer, mais le plaisirest éphémère, et sur du long terme, la passionné aura perdu ce dont il aurait eu besoin pour être heureux.

Un minimumd’argent, sa profession, sa vie sociale …. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles