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Accomplir tous ses désir est-ce une bonne règle de vie?

Publié le 07/01/2005

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Alors que l'animal est poussé par ses besoins sans pouvoir s'y soustraire, l'homme peut prendre la satisfaction de ses désirs comme but et comme règle de vie. Ce qui chez l'animal est une tendance spontané, chez l'homme devient une règle de vie parmi d'autres possibles. Mais cette règle de vie n'a-t-elle pas un caractère spécifique qui la distingue de toute autre règle possible? En effet, il semble qu'accomplir ses désirs serait la clé du plaisir, que tout plaisir vient de la satisfaction d'un désir, que sans désir il n'est pas de plaisir... Et par voie de conséquence, accomplir tous ses désirs serait le secret du bonheur. Une vie heureuse serait celle où l'on a su satisfaire tous ses désirs, ou au moins une proportion acceptable d'entre eux. En ce sens, accomplir tous ses désirs est la règle de vie la plus spontanée, la plus évidente, la plus naturelle (au sens fort du terme), que l'homme puisse adopter! En quel sens s'agit-il d'une règle de vie, et en quoi consiste-t-elle? Il s'agirait en quelque sorte de toujours garder en tête le but poursuivi, de bien savoir ce qu'on veut (le plus grand nombre de plaisirs possible), et de tout mettre en oeuvre, aussi bien sa volonté que son intelligence, pour y parvenir sans faiblir. Car c'est bien de cela qu'il s'agit: de disposer d'un critère, d'un repère qui me permette, en toute circonstance, de ne pas perdre mon but de vue, de ne pas se disperser. Faire de la satisfaction de ses désirs une règle de vie ne fait qu'ériger en but volontaire et conscient ce qui pourrait rester à l'état de simple tendance inconsciente, de projet vague, de velléité.

• N'y a-t-il pas implicitement une contradiction entre la notion de règle et l'assouvissement de tous les désirs ? • Il s'agit bien d'assouvir tous les désirs (comparer avec l'épicu-risme). • Un désir assouvi définitivement est-il concevable ? Le désir ne renaît-il pas inlassablement ? • Quelles seraient les conséquences sur les autres, la société ? • Si l'on pense à Freud, qu'en retenir relativement à la question ?

Introduction I. Qu'est-ce qu'accomplir un désir ? II. La régulation nécessaire des désirs III. Désir et société Conclusion

« PEUT ON ACCOMPLIR TOUS SES DÉSIRS ? En effet, si cette règle de vie n'était pas toujours applicable, si elle admet des exceptions dans sa mise en oeuvre,elle ne vaudrait plus grand chose comme règle.

Par sa nature de règle, elle doit être toujours applicable. Et il y a plusieurs reproches qu'on peut lui faire à ce titre. Tout d'abord, il semble bien que le désir peut être impossible à satisfaire.

Par exemple, je peux désirer deux chosescontradictoires, être à la fois grand et petit, blond et brun...

Contrairement à la volonté, le désir n'a pas de règle.

Etsurtout, on peut très bien désirer quelque chose sans vouloir se donner les moyens de l'obtenir: je peux désirer êtreimmensément riche, mais sans travailler! A partir de là, il apparaît que si satisfaire tout ses désirs est la clé du bonheur, cette clé ouvre aussi celle dumalheur.

Avoir des désirs, c'est aussi, éventuellement ne pas pouvoir les satisfaire tous, il y en aura toujours un queje ne pourrai pas satisfaire en fin de compte qui va enlever leur éclat à tous ceux qui seront à ma portée. Tout désir comporte quelque part une portion d'imaginaire: il est plus proche de l'imaginaire que du réel où je doispourtant l'accomplir. Mais ce n'est peut-être, après tout, qu'une critique de mauvaise foi? Au fond, ce qui compte, c'est de pouvoir detemps en temps arriver à éprouver du plaisir, ce qui n'est possible qu'en accomplissant un ou des désirs! Mais même ce lien du désir au plaisir peut être retourné comme une critiquecontre le désir.

Comme le fait remarquer Schopenhauer dans le monde comme volonté et comme représentation , "Il n'y a pas de satisfaction qui d'elle-même et comme de son propre mouvement vienne à nous; il faut qu'elle soit lasatisfaction d'un désir.

Le désir, en effet, est la condition préliminaire detoute jouissance.

Or avec la satisfaction cesse le désir, et par conséquent lajouissance aussi".

Le désir est donc en un premier temps la condition pourqu'il y ait plaisir, mais ensuite, arrivé à cette jouissance, sa disparition ôte auplaisir ce qui en faisait le prix.

Le désir est une promesse de plaisir, mais ceplaisir est toujours reporté à plus tard, la promesse n'est jamais tenue.

C'estpourquoi l'homme ne fait que passer de désir en désir, à l'infini . Il semblerait donc qu'il serait vain d'attendre de la satisfaction de tous sesdésirs une forme quelconque de bonheur. A moins qu'il ne faille, avec Epicure, distinguer parmi les désirs ceux qu'onpeut satisfaire et ce qui ne peuvent en aucun cas obtenir satisfaction. En effet, dans la Lettre à Ménécée , Epicure conseille, pour arriver à la vieheureuse, de ne pas satisfaire tous ses désirs, mais seulement certains d'entre eux , de satisfaire tous les désirs mais d'une classe particulière de désirs.

Il faut éviter les désirs qui ne sont ni naturels ni nécessaires, comme ledésir de gloire ou d'immortalité.

Ce désir est un désir vain par excellence, undésir vide.

A fuir également, les désirs naturels mais non nécessaires: il estnaturel de désirer manger quand on a faim, boire quand on a soif, mais peuimporte ce qu'on mange pourvu que le désir soit satisfait.

Le désir portenaturellement sur un besoin, pas sur un objet particulier pour satisfaire cebesoin.

Les désirs naturels et non nécessaire sont ceux où l'imagination faitde l'objet du désir une fin en soi, et dès lors on n'en aura jamais assez.

Sibien que ce désir ne s'éteint jamais, il renaît de ses cendres, toujours plusfort, plus pressant.

On peut le comparer à un trou qui se creuse au fur et àmesure qu'on le remplit.

Ce désir naturel et non nécessaire est en fait laperversion du seul bon désir, le désir naturel et nécessaire: il consiste à nepas se rassasier du plaisir que nous donne la satisfaction du désir naturel etnécessaire.

Comme on prend plaisir à manger, on va exiger une nourrituretoujours plus élaborée, alourdie par les épices et les sauces, et en mangerjusqu'à l'écoeurement, où le plaisir devient une souffrance (maux de ventre). De sorte que l'on voit que ce qui fait la perfection de certains désirs parmi d'autres, c'est d'avoir une limitenaturelle: manger jusqu'à un certain point et pas plus loin.

Savoir distinguer entre les désirs qu'on peut satisfaire etceux qui ne peuvent pas être satisfait, voilà l'acte fondateur de la vie heureuse. Nous avons donc vu que vouloir satisfaire tous ses désirs est le plus sûr moyen de ne jamais arriver au bonheur.

Parcontre n'en satisfaire que quelques uns, savoir discerner parmi ses désirs, c'est sans doute là la meilleure règle de. »

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