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Accomplir tous ses désir est-ce une bonne règle de vie?

Publié le 11/01/2005

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Toute faiblesse en ce domaine ne serait qu'une hypocrisie: renoncer à satisfaire un désir, sacrifier un plaisir proche à l'opinion des autres ou à leur confort m'apparaît désormais pour ce que c'est, pour une soumission à la morale régnante. On voit donc que prendre comme règle de vie de toujours accomplir ses désirs est tout à fait naturel: c'est le moyen le plus sûr d'arriver à ce que je veux à travers tout ce que je fais: le bonheur. Il ne s'agit pas tant d'une règle de vie que de la règle. Et c'est une bonne règle de vie parce que c'est la règle de la vie bonne. Mais il reste à voir si cette règle est toujours applicable. PEUT ON ACCOMPLIR TOUS SES DÉSIRS ? En effet, si cette règle de vie n'était pas toujours applicable, si elle admet des exceptions dans sa mise en oeuvre, elle ne vaudrait plus grand chose comme règle. Par sa nature de règle, elle doit être toujours applicable. Et il y a plusieurs reproches qu'on peut lui faire à ce titre. Tout d'abord, il semble bien que le désir peut être impossible à satisfaire.

« malheur.

Avoir des désirs, c'est aussi, éventuellement ne pas pouvoir les satisfaire tous, il y en aura toujours un queje ne pourrai pas satisfaire en fin de compte qui va enlever leur éclat à tous ceux qui seront à ma portée. Tout désir comporte quelque part une portion d'imaginaire: il est plus proche de l'imaginaire que du réel où je doispourtant l'accomplir. Mais ce n'est peut-être, après tout, qu'une critique de mauvaise foi? Au fond, ce qui compte, c'est de pouvoir detemps en temps arriver à éprouver du plaisir, ce qui n'est possible qu'en accomplissant un ou des désirs! Mais même ce lien du désir au plaisir peut être retourné comme une critique contre le désir.

Comme le fait remarquerSchopenhauer dans le monde comme volonté et comme représentation , "Il n'y a pas de satisfaction qui d'elle-même et comme de son propre mouvementvienne à nous; il faut qu'elle soit la satisfaction d'un désir.

Le désir, en effet,est la condition préliminaire de toute jouissance.

Or avec la satisfaction cessele désir, et par conséquent la jouissance aussi".

Le désir est donc en unpremier temps la condition pour qu'il y ait plaisir, mais ensuite, arrivé à cettejouissance, sa disparition ôte au plaisir ce qui en faisait le prix.

Le désir estune promesse de plaisir, mais ce plaisir est toujours reporté à plus tard, lapromesse n'est jamais tenue.

C'est pourquoi l'homme ne fait que passer de désir en désir, à l'infini . Il semblerait donc qu'il serait vain d'attendre de la satisfaction de tous sesdésirs une forme quelconque de bonheur. A moins qu'il ne faille, avec Epicure, distinguer parmi les désirs ceux qu'onpeut satisfaire et ce qui ne peuvent en aucun cas obtenir satisfaction. En effet, dans la Lettre à Ménécée , Epicure conseille, pour arriver à la vie heureuse, de ne pas satisfaire tous ses désirs, mais seulement certains d'entre eux , de satisfaire tous les désirs mais d'une classe particulière de désirs.

Il faut éviter les désirs qui ne sont ni naturels ni nécessaires, comme le désir de gloire ou d'immortalité.

Cedésir est un désir vain par excellence, un désir vide.

A fuir également, les désirs naturels mais non nécessaires: il estnaturel de désirer manger quand on a faim, boire quand on a soif, mais peu importe ce qu'on mange pourvu que ledésir soit satisfait.

Le désir porte naturellement sur un besoin, pas sur un objet particulier pour satisfaire ce besoin.Les désirs naturels et non nécessaire sont ceux où l'imagination fait de l'objet du désir une fin en soi, et dès lors onn'en aura jamais assez.

Si bien que ce désir ne s'éteint jamais, il renaît de ses cendres, toujours plus fort, pluspressant.

On peut le comparer à un trou qui se creuse au fur et à mesure qu'on le remplit.

Ce désir naturel et nonnécessaire est en fait la perversion du seul bon désir, le désir naturel et nécessaire: il consiste à ne pas se rassasierdu plaisir que nous donne la satisfaction du désir naturel et nécessaire.

Comme on prend plaisir à manger, on vaexiger une nourriture toujours plus élaborée, alourdie par les épices et les sauces, et en manger jusqu'àl'écoeurement, où le plaisir devient une souffrance (maux de ventre). De sorte que l'on voit que ce qui fait la perfection de certains désirs parmi d'autres, c'est d'avoir une limitenaturelle: manger jusqu'à un certain point et pas plus loin.

Savoir distinguer entre les désirs qu'on peut satisfaire etceux qui ne peuvent pas être satisfait, voilà l'acte fondateur de la vie heureuse. Nous avons donc vu que vouloir satisfaire tous ses désirs est le plus sûr moyen de ne jamais arriver au bonheur.

Parcontre n'en satisfaire que quelques uns, savoir discerner parmi ses désirs, c'est sans doute là la meilleure règle devie possible.

Mais n'y en a t il pas d'autres possibles? Est-ce nécessairement la seule bonne? Une "bonne" règle devie, est-ce celle qui mène au bonheur? S' AGIT-IL BIEN D'UNE REGLE DE VIE ? Une "bonne" règle de vie, ce peut être aussi bien une règle pour une vie bonne qu'une règle efficace, qui"fonctionne" bien.

Et c'est l'efficacité de la règle de vie épicurienne que nous voudrions ici remettre en question.

. Car peut-être que le reproche majeur que l'on peut faire à l'épicurisme, c'est d'avoir rabattu le bonheur sur le plaisir,de nier la différence entre bonheur et plaisir.

Au fond, le plaisir apparaît surtout comme un moyen pour arriver aubonheur, et Epicure, subrepticement, en vient à les assimiler! Être heureux est l'idéal de vie implicite à toute viehumaine, mais ce n'est pas encore une règle de vie.

Il semblerait plutôt que, même pour l'opinion commune, lebonheur est ce qui vient en plus, ce qui parachève certains actes, mais qui ne peut être forcé.

Le bon-heur,étymologiquement, c'est la chance: celui qui est heureux a certes fait ce qu'il fallait pour l'être, mais il aurait trèsbien pu ne pas obtenir ce "plus".

Le bonheur, c'est ce qui nous tombe dessus, mais qui pourrait aussi bien ne jamaisarriver.

Dès lors, vouloir se constituer une règle de vie pour être heureux, cela revient au fond à vouloir prévoirl'imprévisible, s'attendre à l'inattendu! Une règle de vie peut très bien guider toutes nos actions sans jamais obtenir le résultat escompté.

Les stoïciensdistinguaient en ce sens, dans toute action humaine, entre le but (skopos) et la fin (télos).

Par exemple, lorsqu'un. »

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