Catégorie : Français / Littérature
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LES RÈGLES DE LA COMÉDIE
4° Nous en dirons autant de l'unité de caractère. Un personnage que nous devons connaître à fond en deux heures de spectacle ne peut pas être trop complexe,sous peine de nous dérouter; une relative unité du caractère est indispensable au théâtre. Mais la comédie vit decontrastes et quand ce contraste affecte les sentiments d'un individu, il aboutit, au moins en apparence, à unecertaine dualité du caractère (Alceste, apôtre de la franchise, est amoureux de Célimène; Tartuffe estredoutablement...
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LE CIMETIERE MARIN de Valéry (commentaire)
Composé d'or, de pierres et d'arbres sombres,Où tant de marbre est tremblant sur tant d'ombre ;La mer fidèle y dort sur mes tombeaux ! Chienne splendide, écarte l'idolâtre !Quand solitaire au sourire de pâtre,Je pais longtemps, moutons mystérieux,Le blanc troupeau de mes tranquilles tombes,Eloignes-en les prudentes colombes,Les songes vains, les anges curieux ! Ici venu, l'avenir est paresse.L'insecte net gratte la sècheresse ;Tout est brulé, reçu dans l'airA je ne sais quelle sévère essence...L...
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LA DOCTRINE DE VALERY
degré, on peut parler de poésie pure. Alain au contraire, loin de réduire le sens au rôle d'accessoire, l'associe au son: « Un beau vers a cette plénitude, cette perfection, cette réconciliation merveilleuse du rythme, de la rime et dusens » (Propos de Littérature, p. 16). La forme et le fond sont inséparables; parfois, la forme précède l'idée, qui se découvre à mesure que les motss'ordonnent selon le rythme : ainsi Le Cimetière Marin est né du désir d'utiliser le vers décasyllabique. Si à p...
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Candide - Voltaire - Chapitre 19 - Lecture Analytique
* La situation : Découverte progressive de l 'horreur 1) Les habitsLa mutilation=> sans émotion.=> Acceptation de la part de l 'esclave. * Affirmation d 'une attitude de soumission, de passivité : "j 'attends mon maître "* les paroles de l 'esclave ont cette même tonalité d 'acceptation de son sort en fonction d 'une mêmerèglementation. Mutilation systématique : " Je me suis trouvé dans les deux cas. "=> Malgré l 'horreur, le nègre accepte. + explication calme et détaillée de " l '...
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Lecture analytique – ''Le mensonge douloureux''
mettant à la place de l'enfant mais les parents ont quand même bien fait de ne pas lui dire, sans cela, il se seraiinquiété. '' Il y a aurai eu plus de peur que de mal'' malgré la sauvagerie décrite. ''Si mes souvenirs sont justes, je m'imaginais que nous allions au cirque '' : Il remet en cause la difficulté de sesouvenir en écrivant son autobiographie mais en même temps, malgré le fait qu'il utilise cette expression, il semblequelque part sur de ce qu'il dit. Le cirque est un endroit vraimen...
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Fin de Partie Beckett : "Rien n'est plus drôle que le malheur" affirme Nell. En quoi cette réplique éclaire-t-elle le sens de la pièce ?
manquer. Nagg et Nell vont jusqu'à se partager un biscuit, faute de "bouillie" (p.21) que réclame Nagg à Hammcomme un enfant (paradoxe car Nagg et le père de Hamm). Le mot "bouilles" lui-même désigne par sa naturepéjorative de la nourriture sommaire et peu appétissante. L'auteur souligne que la fin est imminente et inévitable :"Si elles devaient germer elles auraient germé. Elles ne germeront jamais." Dit Clov (p.26) en parlant des graines. La solitude et l'angoisse viennent accentu...
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NARCISSE PARLE de VALERY
La conclusion de l'églogue, comme celle de l'Après-midi d'un faune, est donc optimiste : la poésie avec ses mélodies,ses correspondances, ses artifices savants, son langage secret, détourne Narcisse de l'action et de la passion; ellefait de lui un être à part, qui méprise le matérialisme de son époque et trouve, provisoirement, l'expression de sonMoi dans la symphonie que constitue un poème. Des divers commentaires suscités par Narcisse parle, le plus curieux est celui que le poète a donné au co...
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LA FILEUSE DE PAUL VALERY
rêve; les deux dernières rapprochent personnage et décor dans les dernières lueurs du crépuscule. Un vers isoléreprend l'image initiale ; entre ces deux moments, la scène s'est déroulée : le sommeil s'est emparé de la fileuse,l'ombre a envahi la chambre et le jardin. Dans cette composition simple et souple, le poète a réalisé plus qu'untableau : il a donné la sensation d'une durée. Explication littérale. Strophe 1. Le premier vers pose le personnage dans son attitude et fixe la couleur domina...
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Introduction à la méthode de Léonard de Vinci de Paul Valéry
Les épreuves de la vie, les succès aussi, qui engourdissent alors que les critiques stimulent, n'ont pas -défiguré leVinci idéal qu'il avait créé à son image dans la rigueur intransigeante de la jeunesse. Devenir dur pour le jeunehomme qu'il faut bien souffrir d'avoir comme aïeul..., c'est là se faire plus sot qu'on ne l'a jamais été... Méthode de travail. Laissons au peintre le soin de revoir ses ébauches, d'accentuer tel trait, de poursuivre telle ligne simplementamorcée, de donne...
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Monsieur Teste de Paul Valéry - Commentaire de "La Soirée" et de "Lettre à Madame Teste"
visage impassible, dépourvu de sourire : il pourrait être un de ces officiers supérieurs que Valéry croisait dans lescouloirs du Ministère de la Guerre. Son logement est aussi vide d'expression que sa personne; c'est un très petitappartement « garni », sans bibelots, sans livres : Dans la chambre verdâtre qui sentait la menthe, il n'y avaitautour de la bougie que le morne mobilier abstrait, le lit, la pendule, l'armoire à glace, deux fauteuils. Portrait moral: Une soirée à l'Opéra. M. Teste e...
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Vous expliquerez, discuterez et commenterez ce jugement de Mme du Deffand : On trouve dans Montaigne tout ce qu'on a jamais pensé, et nul style n'est aussi énergique : il n'enseigne rien, parce qu'il ne décide de rien; c'est l'opposé du dogmatisme; il est vain, tous les hommes ne le sont-ils pas ? Ceux qui paraissent modestes ne sont-ils pas doublement vains ? Le « je » et le « moi » sont à chaque ligne, mais quelles sont les connaissances qu'on peut avoir si ce n'est pas le « je » et
considérer à quartier, comme un voisin, comme un arbre C'est pareillement faillir de ne voir pas jusques où on voit oud'en dire plus qu'on n'en voit... (Livre III, essai VIII). Deux arguments se dégagent de cette affirmation : 1° L'objet de prédilection de Montaigne pour ses expériences psychologiques est lui-même, ce qui ne paraît guèrecontestable. De sa retraite à sa mort, c'est-à-dire de 1570 à 1592, Montaigne n'a cessé de s'examiner, de se jugerdans les diverses circonstances de son existenc...
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Aurore (Charmes) - Paul Valéry
Elle s'écoute qui trembleEt parfois ma lèvre sembleSon frémissement saisir. Voici mes vignes ombreuses,Les berceaux de mes hasards !Les images sont nombreusesÀ l'égal de mes regards...Toute feuille me présenteUne source complaisanteOù je bois ce frêle bruit...Tout m'est pulpe, tout amande,Tout calice me demandeQue j'attende pour son fruit. Je ne crains pas les épines !L'éveil est bon, même dur !Ces idéales rapinesNe veulent pas qu'on soit sûr :Il n'est pour ravir un mondeDe blessure si profondeQ...
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FRAGMENTS DU NARCISSE -Valéry (commentaire)
Et la lune perfide élève son miroirJusque dans les secrets de la fontaine éteinte... (vers 35-39) Mais alors que dans Narcisse parle la strophe se terminait par l'évocation de la fontaine obscurcie par la nuit, dansFragments du Narcisse, le thème du silence se développe plus largement en même temps que la valeur symboliquede la fontaine se précise. Le mouvement amorcé par : Jusque dans... est repris et prolongé sur le planpsychologique : Jusque dans les secrets de la fontaine éteinte...Ju...
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« La Bruyère ne se propose pas de développer une doctrine, plutôt d’amener son lecteur à en désirer une […]. Il annonce, et il va le rappeler plusieurs fois, […] qu’il ne veut que peindre. Ce refus d’exposer, de mettre au clair une vision d’ensemble constitue une décision capitale. Le moraliste n’a pas à présenter un système philosophique […]. » (Jean DAGEN).
est digne d'un dépouillement extrême, d'une croyance à la forme. Flaubert appréciait les qualités de style deLa Bruyère : « Hier soir, j'ai lu La Bruyère en me couchant. Il est bon de se retremper de temps à autre dansces grandes styles là » (Flaubert, Correspondance ). La Bruyère adhère totalement à la doctrine de l'ut pictura qui est que « tout écrivain est peintre, et tout excellent écrivain excellent peintre ». Cette formulation permetà définir l'art de donner à voir, de représenter. La Br...
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LE CARACTÈRE DE MARCEL PROUST
l'affaiblir, mais il ne le crée jamais. « La maladie n'est pas, comme on l'a dit, la cause de ce magnifique état d'attention mouvementée, où certains sontallés jusqu'à voir une déformation morbide. Elle fut, pour Proust, l'occasion, courageusement saisie et utilisée,d'exploiter ses dons prodigieux; elle lui donna le loisir, l'isolement qu'il y fallait, et aussi des éléments nouveaux; maispour résister à la lassitude, et tirer parti de son mal lui-même, ne voit-on pas qu'il fall...
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L'OEUVRE DE PROUST
Au-dessus de ce qu'on appelle généralement intelligence3 les philosophes cherchent à saisir une raison supérieure,une et infinie comme le sentiment, à la fois objet et instrument de leurs méditations. Cet objet et instrument : la connaissance de l'être en vérité, c'est la Mémoire seule qui peut le lui apporter. Mais laMémoire involontaire, la Mémoire inconsciente, celle qui affecte la sensibilité externe et interne, qui n'est pasmécanisée ni solidifiée par la raison, par l'exercice co...
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LA MÉTHODE DE PROUST
Il avait horreur des thèses artificiellement établies, et autour desquelles on bâtit l'affabulation romanesque. Uneoeuvre où il y a des théories, écrivait-il, est comme un objet sur lequel on laisse la marque du prix. Il n'a pas fait « un tableau de la société entre 1880 et 1914 » mais il a montré comme cette société évoluait dans ladurée même de la France. L'aristocratie, tout au moins l'ensemble des familles portant des titres nobiliaires et desnoms historiques, n'ayant plus, comme caste, de...
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L'ART - LE STYLE - LA POÉSIE LE LANGAGE CHEZ PROUST
style n'est nullement un enjolivement... ce n'est même pas une question de technique, c'est — comme la couleurchez les peintres — une qualité de la vision, la révélation de l'univers particulier que chacun de nous voit, et que nevoient pas les autres. (T. R., 2) Je me suis efforcé de rejeter tout ce que dicte l'intelligence pure, tout ce qui est rhétorique, enjolivement et à peuprès, images voulues et cherchées, pour exprimer mes impressions profondes et authentiques et respecter la marchenature...
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L'AMOUR - L'AMITIÉ - SODOME ET GOMORRHE CHEZ PROUST
cœur. Pourtant, il était si affamé d'affection, de confiance, qu'il se livrait entièrement à l'amitié, si décevante qu'il lacrût, et qu'il lui donnait fidélité et dévouement sans restriction. Il fut d'ailleurs payé de retour et il eut des amisadmirables. L'amitié joue un grand rôle dans son œuvre, mais comme sentiment annexe, inutile, fragile, et même dangereuxpuisqu'il peut conduire à l'abdication de soi; l'amitié, le plus souvent, est une simulation. Proust exprime sans cesseà ce sujet un...
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A Mademoiselle Volland (10 août 1759) - Commentaire
Sans doute, on peut penser, avec M. Mornet, que les Langrois, enfermés dans leurs habitudes et leurs étroitesmurailles, n'ont pas tous, selon le mot de Diderot, une inconstance de girouette, mais cette idée de rattacher unindividu à un ensemble qui le détermine, tout en lui reconnaissant la possibilité et par suite la liberté de se corriger,loin d'être une boutade, est une idée chère à Diderot, qui a constamment oscillé entre un matérialisme, ramenant lemonde à un jeu mécanique de forces aveug...