Catégorie : Français / Littérature
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Stéphane Mallarmé
POESIE de MALLARME 1 • LE Contexte :Dans ce recueil, dont la rédaction commence en 1862, Mallarmé porte la poésie à une pureté extrême ; il invente,pour ce faire, une langue nouvelle et espère parvenir à créer le « Livre » qui permettrait d'atteindre, derrière lechaos et le hasard, l'Unité du monde, l'Univers premier. La poésie redevient avec lui « chose sacrée », tant dans sonambition que dans son expression, où l'art de la suggestion et du mystère fait du message poétique un objethermét...
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Paul VERLAINE, Poèmes saturniens - Chanson d'automne (PODCAST)
CONDITIONS DE PUBLICATION «Chanson d'Automne» n'a pas connu de prépublication. C'est donc dans l'édition originale des Poèmes saturniens de 1866, chez Alphonse Lemerre, que l'on trouve cette pièce pour la première fois. Elle est la cinquième de la sec tion des «Paysages tristes». Du vivant de Verlaine, ce poème a suivi les différentes rééditions du recueil. En 1890 et en 1894, chez Vanier, ainsi que dans Choix de Poésies ( 1891) à la Bibli...
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"Longtemps, j'ai pris ma plume pour une épée: à présent je connais notre impuissance" Jean Paul Sartre. En vous appuyant sur des textes, ainsi que votre culture personnelle, vous commenterez cette citation.
Avant la guerre, bien qu'il écrivît déjà, Sartre n'a jamais eu de réelle conscience politique. Pourtant lescirconstances historiques et, plus particulièrement, son expérience en tant que prisonnier dans un camp dedétention allemand, ont marqué un tournant dans sa vie. C'est à partir de là qu'il va utiliser son génie littéraire pourdéfendre ses idées et participer à la résistance. Il en vient néanmoins à la triste constatation que son écriture n'apas eu l'impact escompté ; il le résu...
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Sartre: L'installation en enfer (Huis-Clos)
comme une menace. Il y a des accrocs dans le discours de Garcin qui ressemblent à des trous de mémoirevolontaires.Ce personnage, qui à plusieurs reprises prétend «n'ignorer rien de sa situation», n'est en fait qu'un ingénudéconcerté par un état auquel, il est vrai, la vie ne prépare guère : la mort. Situation par nature inconnaissable apriori et donc radicalement nouvelle, la mort est d'abord une mise au rancart des images qu'on s'en faisait. Au lieudes pals, des grils et des ent...
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SARTRE: Les débuts d'une cohabitation difficile (Huis-Clos)
On verra plus loin Estelle s'essayer au même mensonge autobiographique. Inès, en revanche, semble n'avoir aucunremords. «Femme déjà damnée», ainsi qu'elle se définira plus tard, la mort ne constitue pour elle aucune rupture :l'enfer n'est à ses yeux que la continuation d'une damnation dont elle a toujours été à la fois la victime etl'instrument.Son problème est d'un autre ordre : poursuivie par l'horreur des hommes et de leur corps, la présence de Garcin luiest de toute façon insupportab...
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HUIS-CLOS: La révélation du système infernal (SARTRE)
autres : «Je vois. (Un temps.) Pour qui jouez-vous la comédie ?»En enfer, en effet, les autres ne sont plus des spectateurs, mais des juges. Débarrassés de leur puissancemensongère, les mots ne parviennent plus à refaire l'histoire, à donner le change ; ils ne savent plus que traduire lalâcheté de qui les prononce devant ce qu'ils étaient censés cacher : la vérité.En enfer, les mots s'étiolent, il n'y a plus que des regards portés sur des âmes horribles à voir et transparentes. Lavérité...
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Miroir, ô mon miroir... SARTRE dans HUIS-CLOS
La tête dans ses mains, ainsi que le précise l'indication scénique, Garcin cache à la fois son visage et son regard :de miroir, il ne veut ni servir ni se servir, ne voulant ni voir ni se voir ni être vu. Silencieux et comme retiré du jeu, ilfigure l'opposé du personnage d'Estelle, obsédée par son image, à la fois exhibitionniste et narcissique. Ainsi laconstruction dramatique elle-même repose-t-elle sur un jeu de double et d'envers qui rappelle la thématique dumiroir.Absentes ou inutili...
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La colère d'Inès - SARTRE dans HUIS-CLOS
possession. Le ton même de la tirade (cf. les nombreux points d'exclamation, d'interrogation, de suspension) et lejeu d'acteur qu'il suggère évoquent l'image d'une héroïne inspirée par une puissance maléfique. La jeune femme,d'ailleurs, a déjà avoué sa méchanceté et revendiquera bientôt sa condition de femme damnée par nature.Or ce personnage de sorcière se fait ici l'alliée, exécutrice et victime à la fois, de la machine infernale. En refusant lepacte que proposait Garcin, elle précipite le c...
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Le piège et la pitié dans HUIS-CLOS de SARTRE
«Tant mieux, s'ils sont contents.» La solution de la pitié A ne considérer que les indications scéniques, on assiste en cette page à l'unique moment de tendresse d'une piècequi, par ailleurs, ne représente que les heurts et les malentendus du trio.Or, si la tendresse peut s'ébaucher, ne fût-ce que de façon éphémère, c'est qu'un des personnages est parvenu às'extraire de la situation commune et qu'il contemple, pour ainsi dire de l'extérieur, la misère que tous trois partagentet que l'épisode des...
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Le lâche, la sotte et la méchante de SARTRE dans HUIS-CLOS
confrontée au regard d'autrui. La solution amoureuse permet, en effet, de remplacer ce que je sais être par ce quel'autre, l'être qui m'aime, croit que je suis. C'est, en somme, une flatterie dont on échange l'effet rassurant par unegarantie de réciprocité. «Tu me serais plus chère que moi-même», dit Garcin à Estelle, et l'on peut croire à sasincérité : l'image de lui qu'il attend d'elle n'a pas de prix, c'est l'image à laquelle, sa vie durant, il a essayé en vainde ressembler. Une image hé...
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« Eh bien, continuons. »: Desinit de Huis-Clos de SARTRE
est à la fois condamnation et châtiment. Soumettant le sujet à la question, le regard de l'autre est dans le mêmetemps instruction et torture. Dépossédé de tout jugement réflexif, je ne suis plus que ce qu'autrui dit que je suis,forcément coupable et dolent, et parce que sans estime pour moi-même, incapable d'aimer.On se souvient que ce thème du regard de l'autre, de sa présence inéluctable, avait déjà donné lieu à des envoléeslyriques d'Inès. Sa reprise par Garcin, en cette dernière page, va pr...
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François Mitterrand : ALLOCUTION TÉLÉVISÉE (Campagne présidentielle 1974, François Mitterrand)
télévisée, la première de la campagne électorale de Mitterrand à la télévision. Elle a donc forcément un caractèregénéral : le candidat doit se présenter, se situer, dire pourquoi il est là. D'autre part, c'est un texte dit oralement,non pas devant un public réel, mais devant une caméra de télévision : il est donc difficile, périlleux, de s'adresser àhaute voix au téléspectateur absent; l'orateur doit créer le lien avec son auditoire, et non pas seulement rassemblerdes arguments. Le commentaire...
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Raymond Devos: « J'AI DES DOUTES »
LA LOGIQUE ABSURDE DE L'HISTOIRE Un personnage nous révèle progressivement une série de faits, d'indices relatifs à sa situation conjugale. Cesinformations sont de plus en plus révélatrices de son malheur : sa femme le trompe avec son « meilleur copain ».Mais ce que nous avons deviné dès les premières répliques, il va mettre toute la durée du « récit » à s'en rendrecompte. Loin de comprendre ce qu'il désirerait savoir, il va chercher, à chaque nouvel indice irréfutable, uneexplic...
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Mors de Victor Hugo, Les Contemplations (commentaire)
La logique de cette métamorphose, où chaque réalité humaine passe du tout au rien, présente tout de même uneexception : les enfants ne sont pas transformés en cadavres, mais « en oiseaux ». Il y a mutation, certes, mais nonopposition. Cela s'explique bien sûr par la délicatesse du poète, mais aussi par la pudeur de l'homme : il emploiera leverbe « s'envoler » à propos du décès de sa propre fille. Par ailleurs, l'enfant est si proche encore du ciel dont ilsemble venir qu'il n'a pas besoin, semble...
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VIGNY: LES DESTINEES : LA MAISON DU BERGER
qu'elle est alors qu'elle ne saurait être autrement. Dans ces premiers vers fortement accentués (ce qui souligne leuraspect oratoire), on remarque évidemment l'opposition entre le « vous » et le « nous »; Vigny parle au nom del'homme, du sein de l'humanité dont il fait partie, et il met à distance la froide Nature par ce « vous » six fois répété(en comptant les impératifs). A ce « vous » répondra plus loin le tutoiement intime adressé à Eva.« L'homme, humble passager, qui dut vous être un Roi; P...
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Il n'aurait fallu... de Louis ARAGON
légèreté du déroulement des phrases. La seconde, cependant, aura notre préférence : pour mieux saisir l'espèce derelation magique qui se crée entre le « héros » central du poème et l'héroïne dont l'amour transforme, nous allonsexaminer globalement la façon dont chacun des protagonistes nous est présenté. C'est-à-dire :1. La vision de la femme, son idéalisation éventuelle.2. La métamorphose du poète, son caractère radical. LA VISION DE LA FEMME Cette femme n'est pas nommée Le texte n'emploie pas...
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Les Confessions, début du livre I (Rousseau): Une étrange entreprise
Absolu des deux négations symétriques ne [...] jamais / ne [...] point. Ainsi structurée, ainsi affirmée, la phrase deRousseau paraît incontestable. La symétrie, l'architecture de la forme ne « prouve » rien, bien sûr, mais elle intimide.Le lecteur n'ose mettre en cause la' véracité de la phrase, car ce serait nuire à la beauté de son architecture —sans parler de l'équilibre sonore de ce parallélisme. Ainsi, le caractère unique du projet de Rousseau ne peut être misen doute. Le lecteur sait bien...
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Voltaire, Traité sur la Tolérance - Chapitre XXIII : « Prière à Dieu »
dans ce texte un phrasé propre à l'éloquence religieuse. — La ferveur du ton soutient cette éloquence. C'est un ton de supplication et d'espérance, marqué par lesimpératifs et les subjonctifs (« Fais que nous nous aidions », « que ces erreurs ne fassent point », « que toutes cespetites nuances [...] ne soient pas », « Puissent tous les hommes », « employons l'instant de notre existence »).Une mention particulière doit être accordée au tutoiement. Il ne s'agit pas du tout, en ef...
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Promenade sentimentale de Paul VERLAINE (Poème saturniens)
sont au pluriel —quoique « nombreuses », les eaux sont calmes !). Cette tranquillité du paysage est naturellementmarquée par la régularité du rythme : l'accent tonique revient toute les cinq syllabes; des assonances, dues auxtrois terminaisons à l'imparfait, ponctuent ce flux régulier de la phrase; enfin, les vers 3 et 4, où l'on peut observerun enjambement et une légère allitération (roseaux/ luisaient/ calmes eaux), produisent une impression d'extensionqui souligne l'horizontalité du plan visu...
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LA MARCHE DES GROGNARDS - Edmond ROSTAND, L'Aiglon, tirade de Flambeau
spectateurs.Nous allons donc étudier, synthétiquement, ces deux aspects, sans oublier bien entendu qu'ils ne produisent qu'unseul effet d'ensemble. LES EFFETS DRAMATIQUES Il s'agit d'une scène à trois personnages. L'un, l'ex-maréchal Marmont, traître à l'Empereur, vient d'invoquer la plusmauvaise excuse : la fatigue. L'autre, le jeune Aiglon, duc de Reichstadt, victime de ceux qui veulent salir lamémoire de son père, est tendu, admiratif, vers ce laquais, surprenant orateur. Ce dernier, g...