Catégorie : Français / Littérature
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L'écrivain contemporain Michel Le Bris déclare :
«L'aventure est l'essence de la fiction. [...] Quelque chose arrive à quelqu'un : voilà le point de départ obligé. Sans événements, pas de roman.»
En vous appuyant sur des exemples précis empruntés à vos études et à vos lectures personnelles, vous direz quelle place vous accordez à l'aventure dans le roman et vous vous demanderez dans quelle mesure elle vous semble indispensable.
Ex. : Dans Le Désert des Tartares de Dino Buzzati, les personnages attendent dans l'oisiveté une guerre qui ne viendra pas. Ex. : Dans Nadja d'André Breton, le narrateur se promène dans les rues de Paris en notant ses observations sur les choses et les êtres rencontrés. Ex. : A la Recherche du temps perdu de Marcel Proust a découragé nombre de ses premiers lecteurs par la minceur de son intrigue. Les cinquante premières pages ne sont-elles pas consacrées à la description desendormissem...
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A ceux qui se plaignent des écrivains qui disent «moi», Victor Hugo répond dans sa préface des Contemplations : «Quand je vous parle de moi, je vous parle de vous.»
En restant dans le domaine de la littérature, mais sans vous limiter au genre autobiographique, vous commenterez ce jugement à l'aide d'exemples précis.
Transition : Cette ressemblance ou fusion entre le lecteur et l'auteur qui parle de lui-même, directement ou indirectement, n'existe pas toujours, ou du moins pas toujours au même degré. II. Les limites de cette identification A. Parler de soi n'est pas toujours parler du lecteur 1. Les personnalités historiques ou hors du commun. Lorsque François-René de Chateaubriand, Charles de Gaulle ou Winston Churchill écrivent leurs mémoires, ilsinsistent moins sur ce qui les rapproche du lecteur...
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Lamartine définit la poésie comme "la langue complète, la langue par excellence, qui saisit l'homme par son humanité tout entière, idée pour l'esprit, sentiment pour l'âme, image pour l'imagination et musique pour l'oreille." Commentez.
*** Ce pouvoir transcendant est-il néanmoins vraiment le propre du langage poétique ? A vouloir isolercette forme de création comme « complète » et parfaite, ne risque-t-on pas d'en faire un mondeautosuffisant, sans rapport avec la vie réelle? De fait, malgré les quelques termes qui la connotent*comme s'il fallait que le lecteur comprenne d'emblée qu'il ne lit pas de la prose et qu'il doit sedistraire du quotidien, il est évident que la poésie emploie les mêmes mots que la langue de tous...
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Charles Baudelaire « On peut affirmer que, puisque tous les siècles et tous les peuples ont eu leur beauté, nous avons inévitablement la nôtre ». Commentez.
*** L'affirmation de Baudelaire peut alors être comprise, non plus comme une tentative de consensus, mais comme unedéfense de la beauté contemporaine. Puisqu'il ne conteste pas l'existence passée de la beauté — comment pourrait-il le faire d'ailleurs? —, il demande à ce que ne soit pas contestée non plus son existence présente. Est alorsimplicite l'idée qu'il y a toujours une beauté moderne ; plus encore, que la beauté d'aujourd'hui ne peut être quemoderne. Au sens où Baudelaire l'entend...
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Marcel Proust (Du côté de chez Swann) - Commentaire littéraire
deux moments : le salut puis le va-et-vient entre le porche et la voiture. Ainsi les personnes les plus modestesrestent à l'extérieur de l'action la plus importante, dans le texte comme dans la réalité : Legrandin refuse de leslaisser entrer dans le cercle des riches.Le jeu des regards et des mouvements Ex. : regard clairement évoqué des amis au début («Nous vîmes »,1. 1), auquel répond l'absence de regard du snobà la fin («il fixa de son regard», 1. 28; «il ne put nous voir», 1. 29-30). Regard...
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Bagatelles — Robert Desnos La Prairie du revenez-y dans Destinée arbitraire
v. 5, etc.). Les ravages de la vieillesse sont peints : «Les joues se rideront» (v. 8). 2. La mort Le champ lexical de la mort est omniprésent. Le verbe « mourir » apparaît cinq fois, au présent ou au futur : « meurent » (v. 4), « meurt » (v. 24), « mourra » (v. 15, 16, 21). On retrouve quelques images universelles. Ex. : le y. 12 : « L'éclair des beaux yeux s'éteindra » rappelle le geste de fermer les yeux des morts. Le regard estsymbole de la vie. Cf Ronsard : « En essuyant mes yeux par l...
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Le Clézio : L'Inconnu sur la terre : Le sommeil
Sa double action est de regarder et d'interroger (l. 10). Mais aucune réponse n'est donnée, puisque le corps«cesse [...] de voir, de sentir, de comprendre» (l. 25-26). 2. Le regard : c'est la caractéristique essentielle sur laquelle se développe la majeure partie de cette description dusommeil. Le terme est répété cinq fois (l. 10, 14, 16, 19), sans oublier le verbe « regarder » (l. 10). Le pouvoir de ce regard s'exerce sur tout le corps auquel il «fait perdre l'équilibre» (l. 10-11), mais enp...
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Victor Hugo — La Fin de Satan - II - L'ENTRÉE DANS L'OMBRE
100 eaux. Mais cette dernière elle-même est saisie de deux tendances contraires. « L'onde montait sur l'onde » (v. 1), comme «Le gouffre d'eau montait sous une voûte d'ombre» (v. 17). Dans le même temps, les chutes se précipitent : « Les cèdres se mêlaient sous l'onde aux goémons » (v. 7), « Les oiseaux fatigués tombaient» (v. 9), les monuments humains s'effondrent «au fond de l'onde» (v. 15). Ces mouvements contraires s'expliquent par le vertige des vaguer; qui forment des...
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Colette: La Retraite sentimentale, Oeuvres complètes, Bibliothèque de la Pléiade.
A.B. DEVOIR RÉDIGÉ Dans La Retraite sentimentale (1907), l'on retrouve les thèmes préférés de Colette : l'amour certes, mais aussi le contact avec la nature et les bêtes. Dans ce passage, l'auteur évoque une soirée où son héroïne, Claudine, se retrouve éloignée de sa maison après unepromenade et craint de perdre son chemin. La peur qui saisit la promeneuse et son chien est à la fois réelle et feinte : aux appréhensions devant le noir et lefroid se mêlent le plaisir de se faire peur quand on s...
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Balzac (Le colonel Chabert) - Premier chapitre (Chabert et Derville)
car toute sa personne est un «sujet d'étonnement» (l. 6-7), son chapeau provoque un « effet bizarre » (l. 22), etl'ensemble est un «spectacle surnaturel» (l. 7). L'étrangeté est telle que le narrateur, qui intervient à la premièrepersonne («je ne sais quoi», 1. 29), avoue son incapacité à en rendre l'essence qu'« aucune parole humaine nepourrait exprimer» (l. 30). Seul un «homme d'imagination» (l. 18) pourrait trouver un point de comparaison entre leColonel Chabert et un dessin ou un tableau. Le...
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Pourquoi le mariage ?
Influencés par lui, nous continuons à nous épouser dans l'espoir que ce sera pour toujours. *** Malheureusement l'amour fou dure rarement, et lier le mariage à la passion rend sa durée aussi courte que les feuxde l'état amoureux. Ainsi s'expliquent les nombreux divorces et pour une part la désaffection dont souffre l'institutiondu mariage. Néanmoins celui-ci a su s'adapter, et bénéficie de circonstances qui atténuent actuellement certainesdes causes de son déclin, ou entretiennent artificielle...
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LA CRISTALLISATION CHEZ STENHAL
62 '" Cristallisation / 313 Salzbourg en compagnie d'une Italienne, Mme Ghe rardi, et d'un officier bavarois qui tenait des propos fri sant la folie, tant il subissait le charme de leur compagne d'excursion: « Ce qui me frappait, c'était la nuance de folie qui sans cesse augmentait dans les réflexions de l'officier; sans cesse il trouvait à cette femme des perfections plus invisibles à mes yeux. A chaque moment, ce qu'il disait peignait d'u...
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Albert CAMUS « Retour à Tipasa » (L'Été)
- D'où les axes suivants : La fête des sens.I. Le bonheur retrouvé. II. Développement La fête des sens A. La vue 1. Un paysage vu de haut - Ce point de vue privilégié permet d'embrasser l'ensemble du cadre, ciel, terre et mer, et participe à l'impression debeauté. Les ruines de Tipasa sont en effet situées entre le Chenoua et la Méditerranée : le sol descend par étapesvers les plages. L'auteur décrit clairement ces différents plans et arrière-plans : D'un côté, derrière lui ou à sa gauche, l...
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Blaise Cendrars, poète contemporain (1887-1961), a écrit : « La publicité est la fleur de la vie contemporaine ; elle est une affirmation d'optimisme et de gaieté ; elle distrait l'oeil et l'esprit. [...] Oui, vraiment, la publicité est la plus belle expression de notre époque, la plus grande nouveauté du jour, un art. »
En vous appuyant sur des exemples et en songeant que la publicité peut faire appel à des mots autant qu'à des images, vous commenterez cette opinion et vous la discut
Ex. : François Jonvelle et sa série de nus pour la lingerie des Galeries Lafayette (photos sur lesquelles n'apparaîtjustement pas cette lingerie) ; David Hamilton ou Sarah Moon pour Cacharel.- Les cinéastes sont aussi mis à contribution pour les films vantant les mérites d'un produit, imprimant leurpersonnalité au scénario. De la même façon, des acteurs de cinéma font vendre tel ou tel objet.Ex. : Louis Malle a réalisé des courts métrages pour les collants Dim ; Carole Bouquet est deven...
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Dans une comédie de 1918 créée par Sacha Guitry, le mime Debureau encourage en ces termes un jeune comédien :
«A ceux qui font sourire, on ne dit pas merci ; ça ne fait rien, laisse la gloire à ceux qui font pleurer. Je sais bien qu'on dit d'eux qu'ils sont les grands artistes mais tant pis, ne sois pas honoré : on n'honore jamais que les gens qui sont tristes. (...) Fais rire le public, dissipe son ennui et, s'il te méprise et t'oublie sitôt qu'il a passé la porte, laisse-1e, ça ne f
ri. Le comique s'adresse aux pulsions humaines les plus basses.Ex. : toute l'histoire du Nom de la rose d'Umberto Eco tourne autour de l'interdiction qui frappe un texte d'Aristotefavorable au rire, et qui contredirait le dogme religieux.Les manifestations de cette méfiance envers le rire visent les artistes qui font rire mais aussi leurs oeuvres.- Au XVIIe siècle particulièrement, les acteurs et les auteurs dramatiques sont méprisés par le clergé, qui lesexcommunie et refuse de les en...
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Dans La Métamorphose des dieux (1957), André Malraux écrit : « L'oeuvre surgit dans son temps et de son temps, mais elle devient oeuvre d'art par ce qui lui (le temps) échappe. » Vous expliquerez et au besoin discuterez cette affirmation en appuyant votre raisonnement sur des exemples précis tirés de la littérature et, éventuellement, d'autres formes d'art.
tisserands brugeois pour peindre les tapisseries qui apparaissent dans leurs oeuvres. - Plus près de nous, au xix siècle, l'invention de la photographie libère les artistes du souci d'une représentationobjective et fidèle de la nature, l'objectivité photographique étant indépassable. Les Impressionnistes entamentdonc une révolution picturale en renonçant à une vision géométrique, formelle de l'espace, et en adoptant uneconception subjective et intuitive. - Littérature : l'invention de...
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Comment comprenez-vous la fascination exercée sur le monde occidental par les pays lointains dont la civilisation est différente de la nôtre ?
meurt ou s'efforce à l'oubli. Marguerite Duras, dans Un barrage contre le Pacifique, rend compte de ce succès en montrant comment deux enseignants français sont partis au Cambodge : « Elle se maria avec un instituteur qui, comme elle, se mouraitd'impatience dans un village du Nord, victime comme elle des ténébreuses lectures de Pierre Loti. » La fascination qu'exercent les pays lointains sur nos esprits occidentaux tient donc à leur altérité, géographique etethnographique. Mais elle vie...
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Un poète contemporain, répondant à une enquête sur la désaffection du public à l'égard de la poésie, écrit : « Oui, nos contemporains ne lisent plus de poésie. Pour beaucoup d'entre eux, qui ne croient plus qu'à la vitesse et font de l'argent la seule valeur, cette activité mystérieuse ne signifie rien ; elle semble même inutile dans un monde que l'efficacité asservit : une forme de dilettantisme, une rêverie que mènent à l'écart ces êtres incapables de concevoir les enjeux actuels, qu
*** Les poètes, pour nos contemporains, ne participent pas au monde, car ils sont plongés « dans la rêverie qu'ilsmènent à l'écart ». Cette image du poète isolé est classique et on la trouve par exemple chez Saint-Amant, auXVIIe siècle, dans le long poème « La Solitude » ou encore, sur le mode douloureux, dans la comparaison qui fonde «L'Albatros » de Charles Baudelaire: «Le poète est semblable au Prince des nuées... / Ses ailes de géant l'empêchentde marcher. » Gérard de Nerval, dans «...
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« J'ai toujours dit à mes étudiants [...] de ne pas lire de critiques, de lire directement les auteurs ; peut-être ne comprendront-ils que peu de chose, mais ils auront du moins le plaisir d'entendre la voix de quelqu'un » (Jorge Luis Borges, Conférences, 1979, éditions Folio-Essais, 1986, p. 155).
En vous appuyant sur vos lectures personnelles et sur les oeuvres étudiées en classe, vous direz comment vous comprenez ce conseil de Borges, et vous le discuterez au besoin.
: «Je voudrais bien savoir si la grande règle de toutes les règles n'est pas de plaire, et si une pièce de théâtre qui a attrapé son but n'a pas poursuivi un bon chemin. [...] Laissons-nous aller de bonne foi aux choses qui nousprennent par les entrailles, et ne cherchons point de raisonnements pour nous empêcher d'avoir du plaisir. » L'un des reproches les plus fréquents adressés aux critiques est, en effet, leur extrême subtilité, qui les conduitparfois à l'obscurité ou bien au jargon...
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Commentaire littéraire: Marguerite DURAS, Un barrage contre le Pacifique
1. L'obscurité de la salle : le premier paragraphe met l'accent sur la « nuit » (terme repris huit fois). La mention del'obscurité vient ensuite (l. 1), juste après que le piano s'est mis à jouer : c'est une condition essentielle du cinéma. Or, nous sommes en plein jour, un « après-midi » (l. 3). La lumière va donc venir du film lui-même. Un film en noir et blanc : le film est bien sûr en noir et blanc et le cinéma muet travaillait sur les contrastes. Letexte cherche à rendre ces contrastes...