Catégorie : Français / Littérature
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ACTE II - DIVISION 1 (En Attendant Godot de Beckett)
Gogo, qui, comme Vladimir au premier acte n'a que des souvenirs très vagues qu'il est incapable de situer dansl'espace et dans le temps, est un personnage sans histoire. Le fil qui le relie au passé est rompu. Le temps n'est pasvecteur d'un devenir auquel il puisse fixer un commencement, où il pourrait reconnaître les étapes du développementqui le conduit à son être présent. C'est un temps nul qui n'est porteur d'aucune transformation. C'est un temps quin'est que perpétuation d'une situation i...
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En Attendant Godot de Beckett: ACTE I - DIVISION 4
comparé à lui [Jésus]. Vladimir. - Maislà-bas il faisait chaud! II faisait bon!Estragon. - Oui. Et on crucifiait vite.»(page 73) Espoir, disposition infernale Beckett nous dit dans Molloy que «l'espoir est la disposition infernale par excellence.» L'espoir estsource perpétuelle de déception, c'est unmirage; l'enfant, qui «a son Godot» (page 72), nesait pas s'il est malheureux, tout comme Vladimir.La sagesse selon Beckett consisterait à abolir ledésir. C'est donc à un supplice éternel queB...
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En Attendant Godot de Beckett: ACTE I - DIVISION 3
remis le leur entre les mains de Godot devant qui l'extrême dénuement de leurs existences les réduit au rôle desuppliant. Mais si Lucky a une corde au cou, eux ne sont pas encore liés à Godot (le motif du lien a fait l'objet d'unetelle sollicitude de la part de Beckett qui en a prolongé la dramatisation sur trois pages, et, pour en décuplerl'impact, l'a mis en valeur dans un malentendu, page 27, que le rapprochement avec la corde passée au cou deLucky s'impose). Alors, que conclure ? O...
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Fin de En Attendant Godot de Beckett: ACTE II - DIVISION 4
m'as jamais vu ? ». Si personne n'existe qui puissetémoigner qu'il l'a vu, son existence n'est qu'uneillusion.
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En attendant Godot: ACTE II - DIVISION 3
Pozzo. - «Qu'y a-t-il? Qui a crié ? Estragon. - C'est Godot ? Vladimir. - Ça tombe à pic. Enfin durenfort! Pozzo. - Au secours. Estragon. - C'est Godot ? Vladimir. - Nous commencions àflancher. Voilà notre fin de soiréeassurée. Pozzo. -À moi!» (page 108). Beckett reprend plus loin ce principepolyphonique de «dialogues» simul- tanés et étanches, à l'alternance rapide, dontl'interférence produit de savoureux quiproquos, et tourne en dérision lediscours pontifiant de Vladimir: Estragon....
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Fin de partie: ACTE I - DIVISION 6 (Beckett)
lorsque, trois fois, de façon exactementidentique, il se penche pour interroger Nagg :«Clov se penche. Mots confus. Clov seredresse» (page 88). La répétition est devenue la ressource principale de la progressiondramatique. L'inutilité Une réplique de Clov résume mieux que toutcommentaire l'impasse qui rend tout acte stérile: «Si je ne tue pas ce rat, il va mourir» (page90). Les gestes accomplis sont tous annulés, serésorbent avec le geste contraire qui faitrétrograder inv...
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Fin de partie: ACTE I - DIVISION 4 (Beckett)
L'humanité de Beckett est souvent constituée de couples et bon nombre s'occupent à s'entre-déchirer. Les délicesde la cruauté les distraient de l'ennui et de leur propre malheur. Hamm est un maître de la torture mentale. Clov n'aqu'un désir : retourner à la paix de la contemplation hypnotique de son mur. Hamm n'a qu'un plaisir, l'en empêcher.Ce conflit est au coeur de la pièce. Hamm trouve dans le langage, le plus disponible des moyens d'oppression : il harcèle Clov qui n'aspire qu'à échapper au...
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Electre: ACTE II, SCÈNE 8 - Giraudoux
Un conflit de valeurs Le dialogue est également structuré par unsystème d'oppositions qui dépasse lesimple conflit passionnel. Certes, une largepart de la scène est occupée parl'affrontement entre la mère et la fille. Maisil n'est pas nouveau puisqu'il est apparu dèsla scène 4 de l'acte I, où Égisthe jouait lerôle d'arbitre impuissant. Ici, c'est-à-diredeux scènes avant la fin de la pièce, leconflit entre Électre et Clytemnestre paraîtbien moins intéressant que celui qui opposela jeune...
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ACTE II, SCÈNE 7 (Electre de Giraudoux)
Christ Jésus », selon ses propres termes, sur le chemin de Damas. D'abord aveuglé par cette lumière divine, Pauldevait recouvrer la vue après son baptême. Pour Égisthe, il s'agit d'une révélation dans la lumière du matin. Ilévoque ainsi « le lever du jour », « le soleil levant sur Argos ». Cette révélation est un don d'essence divine (« Dieuau matin ne mesure pas ses cadeaux ») qui reste à l'échelle humaine (« Pour toujours j'ai reçu ce matin ma villecomme une mère son enfant »). Cependa...
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ACTE II, SCÈNE 3 (Electre de Giraudoux)
(cf « La distanciation tragique », p. 48). L'humour est glacé, voire macabre : « Je te perds ta vie, et je m'excuse » ; « Ils enlèvent leur tête pour se saluer. » Contrepoint du tragique et du pathétique, cette ironie ne peut laisserindifférent. Elle oblige le héros à la clairvoyance et aux choix conscients. Bonheur et conscience : un problème de légitimité Le bonheur est-il légitime ? Telle est la question que soulève le personnage d'Oreste. Le frère d'Électre rêve d'unevie paisible, sans c...
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ACTE I, SCÈNE 4 - Electre de Giraudoux
cesser le duel entre les deux femmes. Électre hésite entre tutoiement et vouvoiement lorsqu'elle s'adresse à samère. Enfin, preuve même que cette scène d'opposition est un sys-tème complexe : l'affrontement de Clytemnestre etd'Électre est-il un duel entre mère et fille ou un duel entre femmes ? La répétition : obstination et maturation Cette question est d'un intérêt capital. En effet, il est trop simpliste de considérer que le mouvement de la scèneest régi par le seul souci de souligner l'o...
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Electre de Giraudoux: ACTE I, SCÈNE 3 (commentaire)
faisait le Président dans la scène précédente. Son discours se veut éclaircissement et révélation (sur les dieux,sur la justice) ; il faudrait presque le qualifier de didactique. Ce langage peut même devenir révélation desecrets de famille. Lorsque Égisthe affirme : « Je sais ce que tu vas me dire au nom de ta brave et honnêtefamille, au nom de ta digne belle-soeur l'infanticide, de ton oncle respecté le satyre, et de ton déférent neveu,le calomniateur », il fait écho à ce que le Président...
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Electre de Giraudoux: ACTE I, SCÈNE 2
Des personnages ambigus L'« impossible » Électre La question centrale de la scène concerneÉlectre : qui est-elle vraiment ? En serontproposées plusieurs définitions ou approches : — Le Jardinier en donne une image positive.Pour lui, elle est « la plus belle fille d'Argos » etelle est « pieuse ». — Voyant en elle une concurrente, Agatherectifie en indiquant qu'elle « n'est pas mal ». — Nettement plus développée est la vision duPrésident. Pour lui, Électre est trop droite, «comme toute...
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L'oeuvre de Giraudoux
Après une première période où sont publiés Suzanne et le Pacifique (1921), Siegfried et le Limousin (1922), Juliette au pays des hommes (1924), Bella (1926) et Églantine (1927), Giraudoux se tourne vers le théâtre. Mais il ne renonce pas pour autant à écrire d'autres romans qui se situent dans la lignée des premiers. Les Aventures de Jérôme Bardini (1930), La France sentimentale (1932), Combat avec l'Ange (1934), Choix des élues (1939) expriment peut-être davantage le...
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ACTE V, SCÈNES 4, 5 ET 6 (DON JUAN, SGANARELLE, PUIS UN SPECTRE EN FEMME VOILÉE, PUIS LA STATUE DU COMMANDEUR)
Don Juan est, selon l'expression de Jean Roussel (Le Mythe de Don Juan), un « personnage comédien ». Ses attitudes relèvent perpétuellement du jeu. Jeu du séducteur (les paysannes), goût du costume et dutravestissement (l'échange de vêtements), rôle de « l'ami » devant Monsieur Dimanche, rôle du « repenti » enfin(dès l'acte I, sc. 31 qui l'amène à adopter, à l'acte V, celui de l'hypocrite, « le meilleur de tous les personnages qu'on puisse jouer aujourd'hui »,dit-il explicitement...
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Commentaire: ACTE IV, SCÈNES 2 ET 3 (DON JUAN, SGANARELLE)
Une scène de pure comédie La dernière partie de la scène est un écho dela première, mais les effets de Sganarellesont nettement plus appuyés, et la comédiede moeurs s'achève en farce. C'est qu'eneffet la scène n'a d'autre but, tout enmontrant une nouvelle facette dupersonnage, que d'alléger l'atmosphèreentre les scènes sombres de l'acte III etcelles qui vont suivre. D'où le recours àdivers procédés comiques : comique demoeurs, comique de répétition, comique degeste (les gags...
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Dom Juan de Voltaire: ACTE III, SCÈNE 5 (DON JUAN, SGANARELLE)
Le recul du comique Le comique est surtout lié à la présence deSganarelle. Or, celui-ci n'apparaît qu'au début età la fin de l'acte. La satire de la médecine,traditionnelle chez Molière, relève d'un comiqued'ordre social, et fait rapidement place à uneinterrogation sur Dieu. Mais un sujet aussi graveserait peu supportable si la superstition du valetn'apportait une touche comique : Moine bourruet Loup-garou sont mis sur le même plan que le« Ciel », en ridiculisant beaucoup plus...
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ACTE III, SCÈNE 1 - DOM JUAN de Molière
Une journée bien remplie Du point de vue de l'unité de temps, il sembleque nous soyons en fin d'après-midi. Maiscomment, depuis le matin, Don Juan a-t-il pufuir Done Elvire, faire des plans d'enlèvement,échapper à un naufrage, passer un momentchez Pierrot, courtiser Charlotte et Mathurine,tandis que Sganarelle trouvait chez un fripier uncostume de médecin et délivrait desordonnances, avant de reprendre son voyageavec son maître ? Quoi qu'il en soit, la marche ininterro...
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Le personnage de L'Ingénu
de Candide et son maître Pangloss, incapable (contrairement à Gordon) de tirer quelque enseignement que ce soit des expériences et des rencontres de sa vie. Mile de Saint-Yves, comme Gordon, est métamorphosée par sa découverte de l'Ingénu : « Ce n'était plus cette fillesimple dont une éducation provinciale avait rétréci les idées. L'amour et le malheur l'avaient formée. Le sentimentavait fait autant de progrès en elle que la raison en avait fait dans l'esprit de son amant infortuné...
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CHAPITRE 30 et les leçons de Candide de Voltaire
Personnage traditionnel et symbole de la sagesse dans les contes orientaux, le derviche voisin passe « pour lemeilleur philosophe de la Turquie ». La malice est évidente : les philosophes turcs célèbres ne sont pas légion auxviiie siècle et de plus pour Voltaire il existe une antinomie fondamentale entre la religion et la philosophie. Dans sanaïve perplexité la petite communauté considère la seule présence du derviche comme une bouée de secours etPangloss, porte-parole car il ne sait que par...