Catégorie : Citations
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Profession : menteur. François Périer
«Pour ma part, je me sentais mal à l'aise dans ce rôle. Il m'est même arrivé une chose unique dans ma carrière : j'aipris mon personnage en grippe. J'avais perdu cette distanciation, qui est, à mon sens, le secret de la comédie : aufil des représentations, cet individu me paraissait en plus en plus haïssable. »Autre expérience analogue : François Périer explique encore qu'en jouant Johnnie Coeur, de Romain Gary, en 1962,au Théâtre de la Michodière, il constate que le public ne réagit pas. Explic...
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"Meurs ou tue." Pierre Corneille.
Rodrigue partage les vues de son père à cet égard : à la question provocante du père, qui ouvre la scène, relativeau courage possible du fils, la réponse de ce dernier jaillit sans la moindre hésitation : DON DIEGUE« Rodrigue, as-tu du coeur ?DON RODRIGUETout autre que mon père L'éprouverait sur l'heure. »(v. 261-262) La seule résistance que Rodrigue devra vaincre, en particulier dans les Stances, consécutives à cette scène,provient, bien entendu, de son amour pour Chimène; Rodrigue comp...
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Tu vas mourir à la fin du spectacle. Eugène Ionesco
Le spectateur, à aucun moment, ne saurait méconnaître qu'il assiste à un spectacle dont les acteurs jouent, devantlui, les rôles qui leur sont confiés : le cadre rigoureux de l'espace et du temps de la représentation commandel'acheminement du roi vers sa propre mort.Et c'est en toute connaissance de cause que les personnages-acteurs concourent, de gré ou de force, audéroulement minuté (le compte à rebours dure une heure et demie d'horloge !) et programmé de la mise à mortroyale.Bie...
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Mesa, je suis Ysé, c'est moi. Paul Claudel
La rencontre d'Ysé et de Mesa — et le drame qui s'ensuit — est la transposition de la rencontre qui s'est produite en1900, entre Rosalie Vetch et Paul Claudel, dans des circonstances analogues : Claudel se trouvait alors sur lepaquebot long-courrier — l'Ernest Simons — à destination de la Chine, où il devait occuper son poste de consul;Rosalie Vetch était accompagnée de son mari et de ses quatre enfants. Cette intense mais brève passion sera vitesuivie d'une séparation. Cependant, selon l'...
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Le théâtre n'est pas le pays du réel... C'est le pays du vrai. Victor Hugo
contemporaine.Aux yeux de Hugo, l'Histoire figure sans doute la pierre de touche de l'expérience humaine, dans la mesure, bienentendu, où, comme le signale notre citation, l'Histoire rend compte de la vérité des «coeurs humains», dans saprofondeur et dans sa multiplicité, «sur la scène», «dans la coulisse» et « dans la salle», précise Hugo.Le drame romantique n'a pas répudié cette conception de «l'imitation de la nature», par essence illusionniste, quivient d'Aristote, philosophe grec et théori...
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Je me presse de rire de tout, de peur d'être obligé d'en pleurer. Beaumarchais
Il est cocasse de noter, à cet égard, que le choix délibéré de ne rien prendre au sérieux ne s'est pas fait sans unecertaine frustration, puisque Beaumarchais, dans la Lettre modérée introduisant au texte du Barbier de Séville, s'estplu à imaginer une suite «à la manière tragique ou dramique» (« dramique» désigne le drame bourgeois, donc legenre sérieux).Cette suite accorderait à la sensibilité la part qui, précisément, lui est refusée dans la comédie qu'est Le Barbier deSéville. Et Beaumarch...
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Le monde entier est une scène. William Shakespeare
déroule de la naissance à la mort, selon une division en sept âges, alors traditionnelle : petite enfance («le tout-petit»); enfant (« l'écolier »); adolescence («l'amoureux»); jeunesse («le soldat»); maturité («le juge»); vieillesse(«le sixième âge »); décrépitude, enfin (« il redevient enfant»).De même, Le Conte d'hiver (I, 2) reprend la métaphore du monde conçu comme un théâtre. Ainsi Léontès déclare-t-il : « Va, joue, petit, joue; ta mère joue et moi aussi je joue, mais rôle si ingrat qu'au...
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Chaque homme doit inventer son chemin. Jean-Paul Sartre
«Il y a des hommes qui naissent engagés : ils n'ont pas le choix, on les a jetés sur un chemin, au bout du chemin il ya un acte qui les attend, leur acte; ils vont, et leurs pieds nus pressent fortement la terre et s'écorchent auxcailloux. Ça te paraît vulgaire, à toi, la joie d'aller quelque part ? » (acte I, scène 2) Une fois le meurtre d'Egisthe accompli ainsi que la vengeance consommée par le matricide (Oreste tue sa mèreClytemnestre), Oreste sait qu'il a inventé son chemin, qui n'est...
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Le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable. Boileau
Ce qui est prohibé (ce qui ne peut ni ne doit faire l'objet de la représentation) relève de ce que le XVIIe siècledénomme la « bienséance ». Les moeurs de l'époque (exigences morales, goûts esthétiques, préjugés) interdisentque l'on représente la «barbarie» de Néron. Le code moral condamne comme « horrible» ce que, corrélativement, la« vraisemblance» exclut comme « incroyable».Aussi le dramaturge est-il amené à modifier l'enchaînement des événements (« l'ordre des succès ») mais égalementle temp...
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Comme la fête et tous les autres rites, la tragédie grecque n'est d'abord qu'une représentation de la crise sacrificielle et de la violence fondatrice.René Girard
réjouissances. » (La Violence et le Sacré, ch. 5) Girard évoque aussi l'anti-fête, marquée par une période d'ascèse purificatrice, de privation expiatoire ou encore, àl'inverse, la fête qui tourne mal, dont la tragédie d'Euripide, Les Bacchantes, nous propose une illustration. Comme, pour Girard, toutes les institutions humaines dérivent de la violence sacrificielle, la tragédie grecque, de même que lafête, présente le caractère d'une cérémonie rituelle; plus précisément, elle s'affran...
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La principale règle est de plaire et de toucher. Racine
(Troisième Dissertation concernant le poème dramatique, 1663) Bien qu'il soit difficile aujourd'hui de connaître avec précision ce public, on sait qu'il était plus varié qu'on ne lepensait : aristocrates, bourgeois et menu peuple. Il manifestait souvent très bruyamment ses réactions, avant,pendant et après les représentations, ce qui explique les mesures visant à éviter tout désordre : on ouvrait lesportes tôt dans l'après-midi, à 13 heures, la représentation commençant à 14 heures et...
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« Ôte-toi de mon soleil. » DIOGÈNE, en 335 av. J.-C.. Commentez.
Diogène (~440-323) Le « Socrate furieux » Né à Sinope en Asie Mineure, il aurait été contraint à fuir pour avoir falsifi é de la monnaie. Il devint l'élève d'Antisthène à force de persévérance, le philosophe le chassant à coups de bâton ! Après avoir beaucoup voyagé, il fut vendu comme esclave et répondit à qui lui demandait ce qu'il savait faire : « Commander ! Qui veut acheter un maître ? » Xéniate l'acheta cependant et lui confi a l'éducation de ses enfants. Il serait mort le même jour qu...
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« Un esprit sain dans un corps sain. » JUVÉNAL, vers 110-120. Commentez.
Corps (et esprit) I 55 · Un esprit sain dans un corps sain Juvénal ~ On ignore pratiquement tout du poète lat.in Juvénal (65 (?)-128 (?)). Son œuvre ne livre qu'un témoignage très indirect sur son existence. Reste de cet homme un des textes les plus importants de la littérature latine : Les Satires. Quélques-unes des brillantes formules qui composent ce poème sont parvenues jusqu'à nous. Ainsi le célèbre «Mens sana in...
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« Malheur à qui n'a plus rien à désirer ! Il perd pour ainsi dire tout ce qu'il possède. » Jean-Jacques Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse
IntroductionOn définit le désir comme étant avant tout une envie, très souvent associé à ce que l’on ne possède pas. Rousseau,en écrivant « Malheur à qui n’a plus rien à désirer » allie la question du désir à celle du bonheur. Il est doncprésupposé que ces deux notions sont indissociables. Mais si le désir résulte d’un manque, le bonheur peut-il être liéà ce que l’on ne possède pas ? Nous argumenterons le point de vue de Rousseau, avant d’étudier la nuisance dudésir. Enfin, nous nous dem...
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« Nous ne voyons pas les choses mêmes ; nous nous bornons, le plus souvent, à lire des étiquettes collées sur elles. » Henri Bergson (1859-1941), Le Rire
214 • La dissertation de philosophie « NOUS NOUS MOUVONS PARMI DES GÉNÉRALITÉS ET DES SYMBOLES. » Bergson Henri Bergson (1859-1941) a mené la carrière d'un grand universitaire français : agrégé de philosophie en 1881, il enseigne dans divers lycées (en particulier Louis-le-Grand et Henri-IV à Paris) puis à l'Ecole normale supérieure, enfin au Collège de France. Il entre à l'Académie française en 1914 et reçoit le prix Nobel de littérature en 1...
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« Le soleil ne se lèvera pas demain. » David Hume (1711-1776), Enquête sur l'entendement humain
« Une proposition comme celle-ci : le soleil ne se lèvera pas demain, n'est pas moins intelligible et n'implique pas davantage contradiction que cette autre affirmation : il se lèvera. » Hume Lorsque nous disons que tous les matins le soleil se lève, nous affirmons que le phénomène A (c'est le matin) va impliquer nécessairement le phénomène 8 (le soleil se lève). Nous consi dérons ainsi qu'il y a un rapport de causalité nécessaire...
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« Dieu est mort ! Et c'est nous qui l'avons tué ! » Friedrich Nietzsche, Le Gai Savoir
64 I Dieu Dieu est mort Nietzsche • Toute l'œuvre philosophique de Nietzsche (1844- 1900) retentit du bruit de cette découverte de la mort de Dieu et s'attache à en explorer les conséquences dans l'ordre de la philosophie, de la politique et de la morale. Lorsque, dans le prologue de Ainsi parlait Zarathoustra · (1883), le héros nietzschéen retourne au monde, son premier mouvement est de s'étonner de sa rencontre avec u...
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« La religion est u l'opium du peuple. » Karl Marx, Pour une critique de la philosophie du droit de Hegel
LA RELIGION " 293 « LA RELIGION EST L'OPIUM DU PEUPLE. » Marx Karl Marx (1818-1883) reconnaît, avec Feuerbach, que la critique de la religion est le point de départ de toute critique, mais il reproche à ce dernier sa conception abstraite de l'homme. Feuerbach, en affirmant que l'homme est raison, volonté, bonté manque la réalité de l'homme concret. L'homme n'est pas « une essence abstraite, blottie hors du monde », il doit être conçu dans son existence...
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« Le génie est la disposition innée de l'esprit par laquelle la nature donne ses règles à l'art. » Emmanuel Kant, Critique de la faculté de juger
258 • La dissertation de philosophie « LES BEAUX-ARTS SONT LES ARTS DU GÉNIE.» Kant Le terme « art » a, pendant toute l' Antiquité et le Moyen Age, simplement désigné la forme de la production artisa: nale. Ainsi, Platon oppose la « theôria », connaissance pure ment contemplative, au savoir-faire lié à la production matérielle (techné). Cette dernière concerne la production et se définit comme création : « Ce qui, pour quoi que ce soit, est caus...
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« L'art est un anti-destin. » André Malraux (1901-1976), Les Voix du silence
24 I Art 1 L'art est un anti-destin Malraux ..,. C'est dans le chapitre IV («La Monnaie de !'Ab solu») de son essai sur l'art intitulé_ Les voix du silence (1951) qu'A_ndré' Malraux (1901-1976) écrit cette for mule qui apparaît comme la conclusion de son monu mental ouvrage . ...,_ Dans Les voix du silence, comme dans ses autres - essais sur l'art, André Malraux s'attache à rapprochér les créations artistiques du mon...