Catégorie : Français / Littérature
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Extrait de l'Acte I, scène 3 - Giraudoux, Électre
Destin, elle est aussi un véhicule de la violence, autre thème essentiel de cette fin de la scène 3. Il. Omniprésence de la violence Égisthe, en effet, manifeste son pouvoir par la parole. Celle-ci est essentiellement menace, cruauté et prélude à uneautre forme de violence, cette fois-ci sanglante. Une parole violente Égisthe menace le Président de «disgrâce » s'il résiste davantage à sa volonté. Or, cette menace n'est pas àprendre à la légère, car il a précisé qu'il préfère, pour élim...
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Giraudoux, Électre: Extrait de l'Acte I, scène 2
est un reflet atténué, le sommeil préserve la paix des médiocres. Son idéal est une société qui « dort » : il s'émeut àl'idée que les coupables puissent avoir le sommeil « agité », et que sa sotte épouse ne « dort plus ». La justice des hommes Pourquoi la «justice des hommes » sert-elle la cause de la médiocrité? Parce qu'elle est imparfaite et limitée. Elles'oppose à la «justice intégrale » qu'incarne Électre. Cette «justice des hommes» est en fait un assemblage de loisjuridiques, faites par...
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Giraudoux, Électre: Extrait de l'Acte I, scène 1
rumeurs, des on-dit, alors que « le bruit» n'a que le sens habituel qu'on lui connaît. Les commentaires Le Jardinier, l'Étranger et les trois petites filles elles-mêmes se livrent à des commentaires sur ce récitatif. D'une part les soi-disant «petites filles » se décernent un compliment, en qualifiant d'« on ne peut plus poétique » laconstruction circulaire de leur discours à trois voix. En effet, la fin reprend le début, avec la mention du « mauvaisteint » de la reine Clytemnestre. On peut...
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Les Confessions, Livre IV: J'aime à marcher à mon aise, et m'arrêter quand il me plaît. La vie ambulante est celle qu'il me faut...
II. L'auto-portrait La confidence au lecteur Comme il le fait fréquemment, Rousseau s'abandonne au plaisir de se raconter. Il brosse ici le portrait d'un hommeaux goûts simples mais nettement affirmés : s'adonnant avec bonheur aux exercices physiques, à la marche à pied y compris dans les «chemins raboteux»(I. 8) ; fuyant les contraintes comme l'indiquent les formules qui insistent sur son amour de la liberté («... j'aime àmarcher à mon aise et m'arrêter quand il me plaît [...] sans être pres...
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Les Confessions, Livre III: On donnait ce jour-là un grand dîner, où, pour la première fois, je vis avec beaucoup d'étonnement le maître d'hôtel servir l'épée au côté et le chapeau sur la tête.
Le troisième moment instaure des modalités nouvelles dans la façon dont les personnages communiquent. Comme lemontre le champ lexical de la vision (quatre occurrences du verbe « voir »), tout se joue à travers les regards :l'admiration des convives (« tout le monde me regardait et se regardait sans rien dire » (I. 15), celle de Mlle de Breilà travers « un second regard » (I. 18). La louange publique est obtenue par la prière muette de Mlle de Breil «tournant les yeux vers son grand père » (I. 19...
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Les Confessions, Livre II: Que ceux qui nient la sympathie des âmes expliquent...
II. Un sentiment ambigu Ce jeu avec le lecteur n'est pas innocent : Rousseau anticipe sur nos réactions (que faut-il penser de cettepremière rencontre?) tout en cherchant surtout à nous préparer à la suite du récit (les amours de Jean-Jacques etde « Maman »). Le futur du récitL'ensemble du texte est sans doute tourné vers le moment de la première rencontre (« du premier regard», I. 2;«dès sa naissance », I. 7; «à l'instant», I. 14; «du premier jour, du premier instant », I. 18-19). Mais...
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Les Confessions, Livre II: Autant le moment où l'effroi me suggéra le projet de fuir m'avait paru triste...
Mais si cette ironie est clairement affichée, sa portée n'en est pas moins ambiguë. La prise de distance du narrateursemble même dépourvue de toute sévérité. Au point qu'on puisse déceler chez Rousseau une sympathie mêléed'admiration pour les chimères de sa jeunesse. Beauté et vertus de l'illusion Le travail du style semble témoigner d'une adhésion secrète du narrateur à la naïve beauté de ses chimères. Lessonorités et le rythme de certaines phrases en exaltent la noblesse : « Je n'avais...
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ROUSSEAU - Les Confessions, Livre I: Avant de m'abandonner à la fatalité de ma destinée...
dans Le Contrat social doit de son côté beaucoup à une méditation sur les petites sociétés des villes suisses et « l'état » des artisans tel qu'il est ici évoqué. Le recours au « si » initial rappelle également les hypothèses philosophiques qu'affectionnait Rousseau, telle lafameuse hypothèse de «l'état de nature » dans le Discours sur l'origine de l'inégalité par laquelle le philosophe imaginait l'existence de l'homme avant l'établissement de toute communauté. Ce petit récit...
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Les Confessions, Livre I: En moins d'un an j'épuisai la mince boutique de la Tribu...
1. Coupé ainsi d'un monde qu'il cherche à fuir (« dont j'étais si mécontent », 1. 19), le jeune Rousseau s'abîmedans la solitude. 2. Une « disposition misanthrope » s'imprime alors définitivement en lui. Ce trait de caractère ne doit rien à laméchanceté mais tout à une sensibilité trois fois désignée comme excessive, « qui vient en effet [. en réalité]d'un cœur trop affectueux, trop aimant, trop tendre » (I. 25). 3. II. Plaidoyer ou aveu ? Un plaidoyer accusateur Relisons la longue phrase f...
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Les Confessions, Livre I: J'étudiais un jour seul ma leçon dans la chambre contiguë à la cuisine
l'enfant mis «en pièces » (I. 23), c'est le monde de l'innocence et de la transparence des âmes qui s'estirrémédiablement fracturé. Car le drame n'est évidemment pas celui du « dégât », mais celui du procès qui luisuccède : c'est alors que se révèle une rupture essentielle entre l'enfant et ses tuteurs et, plus généralement, entre«moi » et les autres. D'où une opposition systématique des pronoms « je » et « on » («on m'interroge : je nie...», (I.5)) et le recours à des tourn...
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Les Confessions, Livre I - Rousseau: Je sentis avant de penser...
C'est avec les livres, et non au contact de la vie réelle, qu'il s'éveille à la conscience de lui-même : « c'est le tempsd'où je date sans interruption la conscience de moi-même » (I. 4 - 5). Le temps des premiers livres, c'est donc lecommencement absolu de son existence consciente. C'est aussi, pour le lecteur, le point de départ d'une confessionqui pourra désormais être parfaitement continue : les deux pages qui précèdent sont en effet une reconstitution parRousseau de ses origines, à partir d...
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François Villon: Le Testament du pauvre
Quand sur moi court male détresse, Ni ma mère, la pauvre femme ! Voici trois des legs du Testament du pauvre. Ils font l'objet de trois strophes : l'âme, le corps, la poésie. C'est là tout ce qu'il possède. L'âme, entité abstraite, est elle-même qualifiée de « pauvre » au premier vers. C'est qu'elle a souffert. On le comprend à la lecture des expressions « douleur amère », « mainte tristesse » et « male détresse » dans la troisième strophe. Mais, cette âme, qu'a-t-elle perdu ? Ses illusi...
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Stéphane Mallarmé (1842-1898): Hérodiade
extrait d'Hérodiade. Se déroule ici le même drame du désir inassouvi que nous avions mis en évidence chez Louise Labé et La Boétie. La différence réside dans le fait que la scène, où se déroule ce drame, a changé de place. Elle sesitue maintenant sur un plan que nous pourrions qualifier de métaphysique : elle est plus intériorisée. Si le drameest, dès lors, difficile à comprendre pour la plupart d'entre nous, il apparaît en revanche plus clair pour lepsychanalyste, dont l'interprétatio...
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Arthur Rimbaud: Une Saison en enfer
UNE SAISON EN ENFER L'ÉCRITURE DU RECUEIL On trouvera p. 26 les circonstances passionnelles contempo raines de la rédaction du livre où Rimbaud ressaisit à dis tance sa propre vie dans une démarche critique. Son projet est mentionné pour la première fois en mai 1873 dans une lettre à son ami Delahaye. Il est à Roche depuis le Il avril («Il faut, le soir, faire deux lieues, et plus, pour boire un peu. La mother m 'a mis là dans un triste t...
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Charles Baudelaire: Elévation
La terre, elle, fait partie du monde du dessous. Elle est marquée par des termes fortement négatifs comme «miasmes morbides », qui font intervenir les notions d'ordure et de malpropreté. Les vers : « Derrière les ennuis et les vastes chagrins / Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse » font s'entremêler les thèmes de la tristesse, de l'opacité et de la densité. On voit donc que la terre est le lieu que fuit le poète, en s'élevant vers l'azur dumonde de l'art. Les verbes de mou...
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Gérard de Nerval: Fantaisie
On peut avancer que la couleur rouge qui domine la description du bâtiment (« briques »,« teints de rougeâtres couleurs ») ainsi que l'insistance sur les éléments liquides (« rivière », « baignant », « coule ») sont les traces d'un désir charnel souterrain. C'est alors que la femme apparaît, dame de haute condition, dominant le paysage depuis sa « haute fenêtre ». Elle est caractérisée par deux couleurs, le jaune de ses cheveux et le noir de ses yeux. L'adjectif « anciens » fait écho à...
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Victor Hugo : Elle avait pris ce pli
Je n'étais jamais gai quand je la sentais triste ; J'étais morne au milieu du bal le plus joyeux Si j'avais, en partant, vu quelque ombre en ses yeux. Novembre 1846, jour des morts. Le jour des morts ravive la peine de Victor Hugo, ainsi que l'image de sa Léopoldine disparue. Le texte poétique estalors un moyen de redonner un souffle de vie à la défunte. Il permet au souvenir de prendre corps. Le souvenir dontil est question ici ne doit pas son apparition au hasard. Il concerne une habitude de...
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Louis Ramond de Carbonnières: Le Soir
je l'entends répéter les mêmes chants funèbres, Et gémir les mêmes regrets. Sombre mélancolie, Tu mugis dans mon coeur, comme un torrent lointain ; Je vois avec effroi le couchant de ma vie Se rapprocher de son matin. Etoile errante, Je m'élevais dans un ciel pur ; Un vaste champ d'azur, S'offrait à ma course brillante ; La tempête est venue, effrayant l'univers ; Elle a voilé mon front de ces crêpes funèbres ; Je brillais au milieu des airs, Et je m'éteins dans les ténèbres. Cette élégie est c...
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Le Villageois et le Serpent (La Fontaine)
Cet homme se distingue par un acte de bienveillance, accompli avec une célérité certaine, comme nous le montre lerythme rapide des vers 8 et 12 : « Le villageois le prend, l'emporte en sa demeure » ; « Le réchauffe, le ressuscite ». « Le » est ici un pronom personnel complément qui est le substitut du nom « serpent ». Le villageois étant le sujet des quatre verbes, on comprend que c'est lui qui agit pour le bien-être d'un animal totalement passif carpresque mort. Il joue en quelque sorte...
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Jean de La Fontaine : La Mort et le Bûcheron
La Mort et le Bûcheron Jean de la Fontaine Introduction Le XVIIème siècle s'intéresse à la morale, ainsi qu'à l'esprit critique. Dans la fable, La Mort et le Bûcheron La Fontaine no us présente le dernière étage de la société : le bûcheron. Il nous présente tout d'abord sa vie (le corps), et en tire une morale philosophique (l'esprit). Axes de lecture I - Le pauvre bûcheron II - Les pensées du bûcheron III - Le bûcheron face à la Mort IV - La moralité de cette histoi...